Que ce soit aux États-Unis, en Angleterre récemment ou chez
nous bientôt, l'immigration est au cœur du débat électoral. Elle fait l'objet
de nombreuses affirmations, théories et non-dits.
Elle provoque aussi de fortes réactions affectives…
Curieusement, les arguments anti-immigrants pèsent particulièrement lourd dans
des zones qui n'ont jamais vu un immigré…
Qu'en est-il
vraiment ?
Personnellement, je serais enclin à penser que quand il
s'agit d'êtres humains, il serait plus sage de raisonner avec… humanité. Mais ça n'est pas une raison
pour voter idiot ou accepter de me faire manipuler… question de fierté !
Je suis allé chercher les données du tableau qui précède -
accessibles à tout le monde - chez Eurostat.
Et j'ai voulu vérifier les affirmations courantes au sujet des immigrés.
1) Première affirmation : les immigrés prennent le travail des
locaux… donc aggraveraient le chômage.
La réalité est tout autre. Non seulement les chiffres ne confirment pas cette
allégation, mais ils la contredisent clairement. Si on excepte les cas
particuliers de la République Tchèque et de Chypre, les forts taux de chômage
se retrouvent dans les pays qui accueillent le moins d'immigrants comparativement
à leur population, et inversement.
2) Les chiffres de la croissance
sont eux aussi éloquents : les trois pays qui accueillent le plus d'immigrants,
sont clairement ceux qui ont le plus fort taux de croissance ! On peut bien sûr
objecter que les trois premiers doivent leur croissance exceptionnelle à une
fiscalité particulière. Mais sur l'ensemble des pays européens, l'allégation
selon laquelle immigration serait un frein à la croissance n'est pas validée
par les chiffres.
3) D'autres affirmations souvent débattues concernent les rapports
entre l'immigration et la délinquance. Premier constat : il est très difficile
d'avoir des statistiques fiables ou significatives. D'un côté il y a les
travaux de L. Mucchielli ou le récent documentaire de J.P. Lepers qui tendent à
prouver que l'immigration n'est pas facteur de délinquance (mais est surtout
génératrice de préjugés !). De l'autre il y a ceux de la démographe Michèle
Tribalat et du sociologue Sebastian
Roché qui semblent valider une
surdélinquance dans les populations immigrées tout en déplorant le manque de
statistiques pertinentes.
La difficulté
est de mettre dans la même catégorie, le proxénète maffieux qui circule plus ou
moins librement, et le réfugié de guerre errant qui chipe des aliments. Les
statistiques de villes de banlieue dans laquelle les habitants d'origines
étrangères sont concentrés, mais aussi les classes sociales défavorisées, et la
délinquance en col blanc, pour laquelle le taux d'élucidation particulièrement
faible fausse les statistiques, mais reste a priori bien franchouillarde (Le
Pen, Sarkozy, Cahuzac, Balkany…)
Une chose est certaine. Le taux de criminalité est nettement
plus faible chez les réfugiés pris en charge par le pays receveur, que dans la
jungle de Calais ou tout autre lieu d'agglutination sauvage et sans structure…
Et aussi, les réfugiés
espèrent une vie meilleure… ils ne cherchent pas une mise au ban de leur
société d'accueil. 63% des immigrés ont le bac ou l'équivalent.
Les réponses existent ! Encore faut-il des donner la peine
d'aller les chercher.
Et les chiffres sont de ce point de vue plus crédibles que les politicien(ne)s qui instrumentalisent le phénomène
Et si le choix rationnel et patriotique était
d'accueillir ce facteur de développement de notre pays ?
Et puis il y a tous ceux qui prônent l'argument identitaire.
L'identité est fait de notre passé et donc, nous définissons aujourd'hui, par
nos actes, notre identité future. Je ne suis pas certain que nos descendants
seront fiers de notre génération de biens portants qui auront laissé crever à
leur porte un million de réfugiés qui fuyaient des guerres dans lesquelles nos
pays étaient impliqués économiquement.
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