lundi 11 septembre 2017

Saint-Martin, émotions et désinformations




J'ai lu avec une sorte de soulagement un article de JF Ousselin journaliste à RFO, empreint d'un peu de bon sens sur un sujet chargé d'émotions (voir en bas de cette page). Certes, le cyclone Irma a fait de très gros dégâts à Saint Martin et il ne s'agit pas de minimiser la souffrance et les besoins des Saint-Martinois. Mais comme d'habitude les réseaux sociaux se sont enflammés et se sont montrés des diffuseurs d'informations particulièrement pervers.



Souvent les gendarmes y sont tenus pour responsables des pillages. On oublie :

- Que c'est (une partie de) la population Saint-Martinoise qui pille, pas les gendarmes.

- Que les gendarmes postés à Saint-Martin sont aussi victimes du cyclone et que devant la dégradation de la situation ils ont le devoir de mettre leurs familles à l'abri pour qu'elle ne devienne pas cible.

- Que les effectifs permanents sur l'île ne permettent naturellement pas de faire face à une telle situation, et qu'un escadron de renfort est parti de métropole le jour même du désastre.

- Que personne n'avait envisagé l'ampleur des dépravations, et le nombre de pilleurs qui se révèleraient alors, et que plusieurs autres escadrons de gendarmerie ont depuis été expédiés sur l'île.

- Que les moyens de transport utilisés pour acheminer les troupes et leur intendance sont les mêmes que ceux utilisés pour acheminer les secours, et qu'en conséquence, cette insécurité, et donc ceux qui la crée, sont directement responsables d'un ralentissement des secours.



Il y a à Saint-Martin une population déshéritée, souvent issue de l'immigration haïtienne. Ils s'emploient "au black", habitent des zones peu voyantes de l'île et à la limite de l'insalubrité. Ils ne sont pas recensés, n'ont pas d'existence légale, ne peuvent donc pas "disparaitre" et ne seront donc pas comptabilisés parmi les disparus. Ce sont pourtant dans ces milieux là qu'il y a eu le plus de victimes. Mais ils ne réclament rien, puisqu'ils ne le peuvent pas, et ceux-là ne sont pas sur les réseaux sociaux. Il est probable que les statistiques des victimes soient bien inférieures à la réalité.



Il y a aussi une autre population, très présente, elle, sur les réseaux. Elle est venue d'ailleurs, souvent de métropole ou de Guadeloupe. Ils sont venus profiter des charmes de l'île, du soleil et aussi de la défiscalisation. C'est leurs choix. Mais en s'installant, ils ne pouvaient ignorer que Saint-Martin est exposée aux cyclones, aux séismes, et que, comme toute ile, en cas de catastrophe naturelle, les infrastructures portuaires et aéroportuaires peuvent devenir inopérantes et les secours difficiles à faire parvenir. Ça faisait aussi partie de leurs choix... Certains se sont installés les pieds dans l'eau, exposés à la houle et aux inondations, dans des habitations sans citerne, sans installation de groupe électrogène, sans réserve alimentaire protégée,  parfois sans refuge en dur (zone de protection), mais parfois avec piscine et BMW. Ils ont beaucoup perdu. Mais après avoir pendant des années, voire des décennies, revendiqué d'être Saint-Martinois et la fiscalité avantageuse qui va avec, ils se souviennent subitement qu'ils sont Français, et fustigent l'état de ne pas les avoir "rapatriés" en priorité dès le lendemain de la catastrophe.

Entendons-nous bien, ces gens sont aussi des victimes ; ils ont le droit à exprimer leur souffrance et leur désarroi ; ils ont le droit à invoquer et obtenir notre pitié, notre compassion et nos dons. Nous avons le devoir de les aider. Mais est-ce que leur détresse leur donne la légitimité d'accuser tout le monde et n'importe qui ? d'ignorer leurs propres responsabilités ?



Beaucoup relaient ces messages sous prétexte d'afficher une sorte d'indignation facile ou de pseudo-solidarité à bon compte… se révoltent de loin... en fustigeant ceux qui dorment bien au chaud !



Nous ne disposons aujourd'hui que d'informations partielles. Et peut-être qu'à l'heure du bilan, on pourra mettre en évidence des insuffisances ou des  carences, des secours et de l'état. Et il conviendra de les dénoncer.  Et avec le mauvais esprit dont je fais parait-il souvent preuve, je serai le premier à relayer ces informations, pour autant qu'elles soient fondées sur de réels constats.



Mais si nous sommes en droit d'attendre de l'état qu'il fasse face à ses responsabilités, il n'est pas responsable du cyclone, il n'est pas responsable des saccages, vandalismes et pillages opérés par les Saint-Martinois, il n'est pas responsable des choix faits par les Saint-Martinois.



Les images et les témoignages poignants qui nous parviennent de l'île, ne peuvent que nous toucher.

De là à perdre tout esprit critique dans les informations qu'elles transmettent. Ente ceux qui témoignent plongés dans leur détresse et l'affolement, et ceux qui utilisent la détresse des autres pour se promouvoir  donneurs de leçon sans information validée… Il convient peut-être de mesurer sa parole, chercher à comprendre et de se concentrer sur ce qui est possible de faire.






http://www.lescrutateur.com/2017/09/autour-d-irma-creation-d-un-delire-par-des-paranos-dangereux.texte-de-f-j-ousselin.html?utm_source=_ob_share&utm_medium=_ob_facebook&utm_campaign=_ob_share_auto