Quand j’ai reçu ce message qui me disait que Notre Dame
était en train de bruler, j’ai allumé la télévision… j’ai assisté en direct à
l’effondrement de la flèche…
Devant ces images, j’étais comme beaucoup, impressionné,
ému, et même triste.
Ce type de monument c’est un peu comme un élément du relief,
une colline, on ne pense pas qu’il pourrait disparaitre un jour… Par sa
majesté, sa célébrité, sa visibilité, il fait partie de notre histoire…
Dans les heures qui ont suivi, toutes les chaînes de
télévision, monopolisaient leur antenne sur le sujet, mais avec pour toute
informations pendant 5 heure : ça brule, on ne sait pas comment c’est
parti, on ne sait pas combien de temps ça va durer, la flèche est tombée et le
président va venir…
Pour meubler, chaque journaliste détaché sur le lieu
interrogeait des passants, sur le coup de l’émotion… (celle du spectacle
désolant ou celle de passer à la télévision ?)
Chacun de ces témoins, avait une « longue histoire
personnelle » avec le monument, qui à en croire le défilé de lieux communs
qu’on entendait se répéter… ne devait dater que de l’heure qui avait suivi
l’embrasement.
L’émotion ! bouée de sauvetage du journaliste qui doit
occuper le terrain mais aussi outil efficace, remarquablement bien exploité par
les collecteurs de fonds, qui auraient déjà réussi à engranger un milliard
d’euro… Tant mieux ! Dans quinze jours beaucoup trouveront « qu’ils
payent déjà bien assez d’impôts comme ça ! et que c’est à l’état de se
débrouiller ! ».
Mais quel est notre lien réel avec la cathédrale ?
Personnellement j’y suis rentré une fois quand j’habitais en
région parisienne. Le bâtiment est impressionnant, (mais pas plus que la
cathédrale d’Amiens, plus grande, que j’avais visité précédemment), mais ce qui
m’avait dérangé c’est la cohabitation entre ce flot de touristes pas vraiment
discrets qui envahissent les allées pendant que le centre est réservé à une
célébration. Le seul passage de l’évangile qui me semblait évoqué par le lieu
est celui sur les marchands du temple… Je m’étais dit que si je cherchais un
lieu pour me recueillir ce serait certainement le dernier endroit !
Je préfère l’extérieur, à l’arrière, là ou une passerelle
enjambe le bras de Seine qui sépare l’île Saint-Louis de l’île de la Citée. Il
y a quelques arbres, on y a une belle vue sur les arcboutants du bâtiment… et
il y a un glacier connu pas loin…
Mais que représente une cathédrale ? Pour les croyants,
c’est un lieu de culte… comme n’importe quelle chapelle…. Pour tous c’est aussi
une démonstration époustouflante des techniques de construction, et
d’architecture maitrisées par ces bâtisseurs du moyen âge… et un témoin de l’Histoire…
mais de quelle Histoire ?
Une cathédrale est d'abord le témoin de l’orgueil démesuré d’une religion
avide de gloire et de pouvoir et de sa compromission avec le pouvoir terrestre…
et qui dans un même temps prêchait pour ses ouailles le détachement des biens
matériels ! Elle représente des fortunes englouties dans l’éclat et le
paraitre alors que la majorité de la population souffrait de disettes.
Une cathédrale était à son époque ce que sont ces tours
démentes que les gouvernants « riches » construisent aujourd’hui pour
avoir la plus haute la plus spectaculaire avec des projets de plus en plus fous
alors que leur population s’appauvrit et souffre…
Elle est l’illustration de l’éternelle histoire de celui qui
veut avoir la plus grosse…
Je comprends le pouvoir de séduction de Notre-Dame de Paris.
Je comprends ceux qui veulent la préserver et la reconstruire… Mais je me
refuse à refaire l’histoire. Je ne veux pas être le précurseur de ceux qui dans
quelques siècles admireront les énormes bâtisses en bétons que nous élevons
aujourd’hui en oubliant qu’elles sont surtout des démonstrations d’orgueil et
au-delà : pour quoi, pour qui et au dépend de qui elles ont été
construites.