mercredi 20 décembre 2017

L'Enfumeur et la Martienne




Ou les pièges de la communication…



Ceux qui me font l'amitié de lire mes publications savent que depuis son arrivée, je n'ai pas vraiment tiré sur le gouvernement. Même si j'avais déjà dit ce que je pensais de la "loi travail" ou du CETA...  Mais ma passion pour les pièges de la communication (et l'intérêt évident de notre président pour cette discipline) me poussent à intervenir quand vraiment on nous prend pour des cons… et que ça risque de marcher !


J'entends ce matin que notre premier ministre a affrété un avion à 350 000 € pour rentrer du japon au retour de Nouvelle-Calédonie. Je recherche donc les explications et j'entends notre ami Edouard expliquer qu'il était impératif qu'il rentre avant le départ du président pour que les deux têtes de l'exécutif ne soit pas absentes du territoire national en même temps.


C'est là qu'est le piège. Une telle explication nous pousse à disserter de sa validité. Est-il impératif qu'un des deux chefs soit en France tout le temps. Et est-ce que cela vaut une telle somme ?

 En réalité c'est nous aiguiller vers une fausse question… une diversion !... parce que la réponse à cette question ne change rien à l'affaire...


- Si la réponse est non, que cette obligation n'est pas réelle, alors Edouard Philippe a menti pour offrir à son équipe un luxe à 350000€ aux frais de l'état... à nos frais !

- Si la réponse est oui et que les deux têtes de l'exécutif ne peuvent légalement (constitutionnellement) s'absenter en même temps du territoire national, cela veut dire que durant des semaines, pendant lesquelles  les équipes gouvernementales ont préparé ces deux voyages, ni le président, ni le premier ministre ni aucun de leurs conseillers (plutôt très bien payés !) n'ont réalisé que les horaires prévus étaient incompatibles ! Même si les deux principaux concernés font alors preuve d'une incroyable légèreté, ils sont manifestement entourés d'incapables… Personne en Nouvelle-Calédonie, n'a réalisé qu'il allait falloir rentrer deux heures plus tôt pour rester dans la légalité ?... alors qu'ils disposaient d'un avion à usage privé, mis à disposition par l'armée !... et on les laisse présider au destin de notre pays ?!

Un ouvrier illettré qui part en voyage, se doit de rentrer à la date fixée avec son patron ! pas en retard ou pas en exigeant un surcoût, parce que le bon billet coûte plus cher que celui qu'il avait pris par erreur !

Ce qu'on est en droit d'attendre d'un ouvrier illettré, soumis aux compagnies de transport publiques, on ne peut pas l'attendre d'un staff gouvernemental disposant de son propre moyen de transport ?


Vous nous enfumez Monsieur Philippe. Je ne sais pas si vous êtes un menteur qui s'est payé un luxe à nos frais, ou un idiot mal accompagné incapable d'organiser un voyage, mais dans tous les cas… c'est minable et indigne.



Monsieur Macron nous avait lui aussi habitué à mieux question communication. Ses agapes à Chambord n'ont peut-être rien d'illégal, ni même de scandaleux, mais après l'émoi suscité par les épisodes du Fouquet's et du yacht de Boloré après l'élection de N. Sarkozy, il aurait mieux fait d'attendre ses 45 ans pour faire une telle fiesta.



Non seulement ces tâches laissent apparaître les grosses têtes et les chevilles enflées par le pouvoir, mais l'autre argument fort de la campagne d'Emmanuel Macron, était l'arrivée au gouvernement de ministre issus de la société civile, plus proche du terrain… 
Il y a quelques semaines, Nivole Belloubet, notre garde des sceaux proposait sans rire, à l'Assemblée Nationale qu'un enfant de 13 ans puisse être considéré comme consentant (et donc, pas sous influence ou sous autorité) sexuellement.

Ça pose immédiatement une question : n'aurait-il pas fallu lui faire faire un stage de préparation chez les êtres humains avant de la ramener de la planète Mars pour la nommer ministre ?

Comment peut-on être mère de trois enfants et à ce point déconnectée de la réalité de l'enfance… ?



Quoiqu'il en soit, et malgré son regain de popularité, ce gouvernement devrait s'efforcer de coller aux valeurs qui l'ont fait élire… ou ça va finir par se voir !






mercredi 8 novembre 2017

Harcèlement et délation




… et les victimes ?

Il y a des points communs entre le viol brutal avec contrainte par la force, celui poisseux des chambres d'hôtel où un homme use de sa position pour obtenir des faveurs sexuelles, ou la main baladeuse qui compte sur la peur du scandale dans un lieu public pour jouir d'une sorte d'impunité.

Le premier, c'est cette sorte de "droit d'usage", le droit que se donne le harceleur d'utiliser sa victime pour son usage personnel, comme on le ferait d'un objet, d'un animal, ou d'un esclave, sans se préoccuper de son consentement, sans considération pour la personne qu'est la victime. Et cette deshumanisation constitue une humiliation inacceptable pour celle ou celui qui la subi.

Le second, vient du fait qu'à un moment du méfait, la victime est amenée à céder, soit par impuissance sous la contrainte, soit par peur, des conséquences, du scandale. C'est même là-dessus que compte le violeur, qui use toujours d'une forme de brutalité pour amener sa victime à penser un bref instant qu'il n'y a pas d'autre issue. Et cette capitulation, qui n'est pas une acceptation mais qui y en a les apparences, va entraîner chez la victime un indélébile sentiment de culpabilité et bien sûr de honte. C'est cette honte qui va rendre extraordinairement cruelles les remarques du style "vous n'étiez pas un peu consentante ? vous ne l'avez pas un peu cherché ? " ou toute allusion dans ce sens.

Le traumatisme physique, le sentiment de salissure, l'humiliation, le sentiment de culpabilité, la honte… On comprend qu'il soit si difficile aux victimes d'une telle agression d'en parler… et combien la parole des victimes doit être protégée…


Alors comment peut-on imaginer qu'une femme ayant subi une telle agression et qui, pour toutes ces raisons et d'autres encore, s'est trouvée incapable d'en parler à ses proches, et  à plus forte raison dans un commissariat, veuille s'exposer sur la place publique derrière un hashtag comme #dénoncetonporc ?

Malheureusement l'utilisation habituelle des réseaux sociaux montre qu'un tel hashtag ouvre grandes les portes à celles moins scrupuleuses (et pas victimes !) qui verront là l'occasion de se venger de leur ex, de leur patron, de leur voisin (qui a refusé leurs avances ?), de tout mâle dont il devient si facile de détruire la vie… Et c'est sans compter sur celles prêtes à tout pour occuper l'attention pendant un moment (et la télé-réalité montre qu'elles sont nombreuses et vraiment prête à n'importe quoi !), celles qui sont tellement fière d'annoncer que les hommes jettent encore sur eux des regards concupiscents. Ou encore celles plus fragiles, et donc en souffrance, qui assument mal leur sexualité et perturbées par ces scandales finissent par se sentir agressées quand un homme leur dit bonjour dans un couloir…

Ce qui est évident c'est que les vraies victimes craignent de s'exposer alors que la plupart des autres catégories ci-dessus n'attendent que ça. Il ne faut pas être clairvoyant pour deviner quelles seront les principales utilisatrices de ce hashtag.
On peut aussi prévoir la suite : procès en diffamation et règlements de compte écœurants.
Et quand la bombe ainsi allumée explosera, les quelques malheureuses qui auront cru trouver une opportunité d'expression de leur détresse se verront entrainées une seconde fois dans la boue et enfoncées dans leur douleur…


Bêtise effarante, hypocrisie malsaine ? La personne à l'initiative de ce hashtag délatoire, s'est offert un buzz  un coup de projecteur sur elle-même, mais n'a prévu aucune protection pour les victimes qui se hasarderaient à l'utiliser, ni aucun filtre des utilisations qu'on peut en faire. Comment peut-on prétendre que ce genre d'initiative pourrait aider des victimes de harcèlement...

Alors que l'affaire Weinstein pourrait être une opportunité de libérer la parole des victimes de harcèlement, au-delà du monde du cinéma, ce #denoncetonporc contribuera évidemment à la décrédibiliser.

A l'inverse, j'ai beaucoup de respect pour Asia Argento, qui dans son témoignage reconnait "avoir pensé à sa carrière…". Il faut beaucoup de courage pour un tel aveu qui lui amènera certainement quelques quolibets et une suspicion hypocrite d'une forme de complicité… Mais en même temps, cet aveu crédibilise totalement son témoignage, ne diminue en rien la faute  de son agresseur, et démontre l'abus de pouvoir, circonstance aggravante d'une telle agression.

Même si j'en condamne fermement les effets, j'ignore l'intention réelle de l'instigatrice de ce hashtag nauséabond, mais il est fréquent qu'un militantisme borné, dont les acteurs cherchent à être les héros conduise à des actions contre-productives.

Il y a bien longtemps, Malcom X a pensé que la meilleure façon de lutter contre le racisme des blancs envers les noirs était d'instaurer un racisme envers les blancs… Jusqu'à ce qu'il se rende compte que cette forme de militantisme servait l'égo de militants mais pas sa cause.

On ne réduit pas la haine par la haine, la saleté par la saleté, les clichés par des clichés…

Les causes importantes, celles des gens qui souffrent, demandent de l'écoute, de la tolérance, de la compréhension, de l'exemplarité, de la compassion, de la réflexion… et des actions en cohérence avec les valeurs revendiquées.

mercredi 4 octobre 2017

L'expérience hurricane













18 septembre 2017

Un jour, tu es en Guadeloupe et tu vis un cyclone. Un méchant, qui s'appelle Maryline (1995). Tu observes le comportement de la maison dans laquelle tu es. Tu subis, le vacarme, les infiltrations d'eau, et puis les lendemains sans eau, sans électricité, sans ravitaillement sûr, et le congélateur qui survit grâce à la glace que tu avais accumulé pour faire du sorbet avec la voisine. Et tu te dis. Si j'avais ma maison à moi, je sais bien comment je la dessinerais. Je pourrais affronter n'importe quel cyclone et ses lendemains.



Et un autre jour, il y a un terrain et des plans  à faire. Alors tu y vas, tu dessines, tu prévois : La citerne d'eau douce, le local enterré pour le groupe électrogène, sous le garage, séparé de la maison avec ses matières inflammables. Les galeries autour de la maison – tu l'as bien vu, elles protègent les murs des pressions de folies et de la vitesse du vent. La ventilation naturelle (qui évite les climatiseurs quand il n'y a pas d'électricité. La base en béton et l'étage en bois – nous sommes aussi en zone sismique et il faut du souple et du léger dans les hauts – mais avec une zone de sécurité bétonnée, pour parer au pire. Les pentes de la toiture, suffisantes pour générer un véritable écoulement même quand la pluie tombe à l'horizontale, mais pas trop pour ne pas générer une pression insupportable par grand vent. Les écoulements des eaux, diamètres, pentes, matériaux… Les fermetures : pas de vitres, nulle part, des volets en bois rouge à fermeture trois point et espar en travers.  Et tu fais aussi  des choix à contre-courant que tout le monde ne comprend pas, comme la charpente pitonnée et pas ferraillée scellée dans le béton (les fers à bétons rouillent dans le bois), la toiture non-jointive, soupape de sécurité pour le toit des fois que le vent ne se crée une ouverture, ne s'engouffre et ne soulève la toiture… (Mais tu es fou ! l'eau va rentrer par là…)



Et puis un jour tu réalises, tu creuses, bétonnes, soudes, scies… Et ton idée existe. Tu es fier de toi et de tes choix. Et puis… pas de cyclone pendant 19 ans. Peu importe, la maison est agréable… pas de piscine, pas de BMW dans le garage, mais elle est sûre. Avec le temps, une inquiétude nait d'un magnifique flamboyant qui fait voute au-dessus du chemin, emmêle ses branches aux lignes électriques non loin de la maison mais il est mal implanté sur le terrain communal, et la commune prévenue depuis deux ans s'en fout.



Et c'est là qu'on t'annonce un test grandeur nature, mais c'est un géant appelé Irma, un monstre même, trop grosse, trop folle, trop dangereuse, pas très raisonnable pour un test. Mais Irma évite et va passer sa rage sur Barbuda et Saint-Martin. Une simple tempête pour ta maison qui en a vu d'autres.



On annonce sa sœur, Maria, plus douce et tu te dis que ça n'est pas le moment, ton île sert de base arrière pour les îles du Nord qui souffrent. Mais tu ne choisis pas. Alors tu te prépares. Avant Maryline, il y a eu Hugo, un autre monstre. On a tenu, on s'est relevé. Alors un petit classe 1 ou 2…

Mais Maria cache son jeu. Ce matin elle annonce qu'elle pourrait bien passer classe 3.
- Eh, c'est juste un test là. On pourrait pas rester mesuré ? Un classe 2 c'était déjà pas mal !
Trop tard, le mauvais temps est déjà sur toi, et on ne t'a pas demandé ton avis. Tu as tout rangé ce qui pouvait s'envoler, tout calfeutré, tout verrouillé. Et Maria se fou de toi, elle s'annonce Classe 4 puis classe 5, des vents de 200 à 250 km/h…
- Oui mais je ne suis pas tout seul, moi si j'échoue, je mouille ma doudou…

Tu laisses une porte ouverte, jusqu'à ce que la nuit tombe et que le vent chasse tellement la pluie qu'il vienne mouiller l'intérieur… puis tu verrouilles.

Il est 22h00, la radio annonce des routes barrées  par des arbres. Il fait nuit et les volets sont fermés. On ne voit pas un cyclone, ce sont des bruits. Des bruits continus. Celui du vent qui passe en force le long de la maison et dans les ramures des arbres. Celui de la pluie projetée violemment sur les tôles de la toiture et sur les murs de bois. Celui des bourrasques qui descendent de la montagne comme une charge, avec un roulement croissant puis attrapent la maison en la secouant jusqu'à la faire trembler dans un vacarme épouvantable. Parfois celui d'une branche lancée à grande vitesse sur le toit ou sur les murs. Et même celui des troncs qui s'abattent près de la maison dans un bruit de tonnerre (le flamboyant !). Celui d'un géant monstrueux soufflant toutes les bougies d'un énorme gâteau avec l'intention de les éteindre toutes du premier coup… quitte à liquéfier le gâteau ! La radio nous dit que le vent culminera vers 2h00 du matin, quand l'œil sera sur la Dominique. D'ici là il va continuer à croitre.

Et si malgré tout mon travail, toutes mes recherches, toute ma réflexion, Maria gagnait ? Elle y met du sien dehors !

Et puis non. Ma doudou doit pouvoir avoir confiance en moi. Quoi qu'il arrive, j'ai fait ce que je pouvais faire de mieux. Il faut dormir. Ça va être long.



19 septembre 2017

Le réveil est saisissant. Quand le vent le permet, je fais le tour de la maison, sans quitter mes efficaces galeries.

Le flamboyant est tombé. La ligne électrique l'a freiné dans sa chute et dévié, une de ses branches est tombée sur 5 mètres de long à 20 cm de la maison. Ça tient du miracle. Si la ligne avait lâché, il aurait probablement détruit une partie de la maison (merci EdF ?)

Autre heureuse coïncidence, l'œil étant passé au sud (sur la Dominique), nous avons eu la partie nord du cyclone, soit les vents les plus forts, mais venant de l'est, la direction des vents dominants habituellement. Ainsi ils n'ont pas pris les tôles à rebrousse-poil et il n'y a pas eu d'infiltration d'eau dans la maison.

La maison est indemne mais le jardin est ravagé, les manguiers ou avocatiers implantés depuis 20 ans sont déracinés. Les citronniers, corossoliers et cerisiers (acérolas) sont couchés, peut-être récupérables. Les autres ont perdus la moitié de leurs branches, quant aux bananiers…

Ça repoussera…, on a récupéré un superbe point de vue sur la baie !

On distingue à peine notre chemin, envahi par les branchages et les arbres. On n'est pas près de sortir. Les voisins viennent se rendre compte. Je vais au bout de chemin, il y a un point de vue sur le bourg… la plupart des toitures ont l'air d'avoir résisté, on circule sur une voie sur la route nationale. Des tronçonneuses ont déjà travaillé.

Avec un voisin, nous commençons à dégager les branchages au coutelas, histoire d'avoir au moins un passage piéton. Les autres nous rejoignent. Bientôt nous sommes une dizaine et nous dégageons tout le chemin… sauf l'énorme tronc du flamboyant qui appuie toujours sur le câble… [1]



Les inondations sont restées moins fortes que pour Maryline et nous ne perdrons  l'eau qu'une trentaine d'heures… Beaucoup de câbles téléphoniques sont tombés, 20% de la population est provisoirement sans électricité.



L'expérience de cette saison cyclonique soulève quelques questions :


1) Nous savons faire des maisons qui résistent aux ouragans, pourquoi n'existe-t-il pas un recueil  de normes anti-ouragan, comme il existe déjà des normes antisismiques rendues obligatoire lors du dépôt du permis de construire ? Elle définirait la pente de la toiture, le lien de la toiture avec la structure de la maison, la présence d'une cellule de confinement, d'une citerne dans la construction, l'équipement du tableau électrique et le l'emplacement qui permettent d'alimenter la maison par groupe électrogène en toute sécurité…  
2) Vu la nature des risques encourus, pourquoi n'existe-t-il pas une sorte de commission chargée de recenser les risques particuliers (comme ce p…. d'arbre qui s'est écrasé "à côté" de notre maison), éventuellement sur signalement des particuliers, et de faire appliquer les mesures de sécurité qui s'imposent. 
3) Lors de l'ouragan Irma, le net a été envahi de complaintes de victimes qui avaient eu très peur et qui avaient beaucoup perdu et pleurer après des aides de la communauté, du gouvernement, voire accuser… Mais ceux qui connaissent Saint-Martin savent qu'il s'agit d'une île exposée aux séismes, donc aux tsunamis, et aux cyclones, donc aux vents forts aux inondations et à la montée des eaux maritimes. Ils savent aussi que sur cette île, tropicale et agréable par temps calme, beaucoup avaient construit (ou louaient) des maisons, les pieds dans l'eau, au niveau de la mer et avec de grandes baies vitrées, terrasse piscine et BMW, mais aucune citerne espace de confinement en hauteur… Peut –être là, faut-il stimuler le bon sens avec une information plus intensive.





[1] Les lecteurs d' "Ouragan sur Bétine", nouvelle de mon livre "La Soulimoune…" présenté ici-même retrouveront l'atmosphère conviviale et l'esprit de solidarité qui peuvent naître d'un évènement fort comme celui-ci.


lundi 11 septembre 2017

Saint-Martin, émotions et désinformations




J'ai lu avec une sorte de soulagement un article de JF Ousselin journaliste à RFO, empreint d'un peu de bon sens sur un sujet chargé d'émotions (voir en bas de cette page). Certes, le cyclone Irma a fait de très gros dégâts à Saint Martin et il ne s'agit pas de minimiser la souffrance et les besoins des Saint-Martinois. Mais comme d'habitude les réseaux sociaux se sont enflammés et se sont montrés des diffuseurs d'informations particulièrement pervers.



Souvent les gendarmes y sont tenus pour responsables des pillages. On oublie :

- Que c'est (une partie de) la population Saint-Martinoise qui pille, pas les gendarmes.

- Que les gendarmes postés à Saint-Martin sont aussi victimes du cyclone et que devant la dégradation de la situation ils ont le devoir de mettre leurs familles à l'abri pour qu'elle ne devienne pas cible.

- Que les effectifs permanents sur l'île ne permettent naturellement pas de faire face à une telle situation, et qu'un escadron de renfort est parti de métropole le jour même du désastre.

- Que personne n'avait envisagé l'ampleur des dépravations, et le nombre de pilleurs qui se révèleraient alors, et que plusieurs autres escadrons de gendarmerie ont depuis été expédiés sur l'île.

- Que les moyens de transport utilisés pour acheminer les troupes et leur intendance sont les mêmes que ceux utilisés pour acheminer les secours, et qu'en conséquence, cette insécurité, et donc ceux qui la crée, sont directement responsables d'un ralentissement des secours.



Il y a à Saint-Martin une population déshéritée, souvent issue de l'immigration haïtienne. Ils s'emploient "au black", habitent des zones peu voyantes de l'île et à la limite de l'insalubrité. Ils ne sont pas recensés, n'ont pas d'existence légale, ne peuvent donc pas "disparaitre" et ne seront donc pas comptabilisés parmi les disparus. Ce sont pourtant dans ces milieux là qu'il y a eu le plus de victimes. Mais ils ne réclament rien, puisqu'ils ne le peuvent pas, et ceux-là ne sont pas sur les réseaux sociaux. Il est probable que les statistiques des victimes soient bien inférieures à la réalité.



Il y a aussi une autre population, très présente, elle, sur les réseaux. Elle est venue d'ailleurs, souvent de métropole ou de Guadeloupe. Ils sont venus profiter des charmes de l'île, du soleil et aussi de la défiscalisation. C'est leurs choix. Mais en s'installant, ils ne pouvaient ignorer que Saint-Martin est exposée aux cyclones, aux séismes, et que, comme toute ile, en cas de catastrophe naturelle, les infrastructures portuaires et aéroportuaires peuvent devenir inopérantes et les secours difficiles à faire parvenir. Ça faisait aussi partie de leurs choix... Certains se sont installés les pieds dans l'eau, exposés à la houle et aux inondations, dans des habitations sans citerne, sans installation de groupe électrogène, sans réserve alimentaire protégée,  parfois sans refuge en dur (zone de protection), mais parfois avec piscine et BMW. Ils ont beaucoup perdu. Mais après avoir pendant des années, voire des décennies, revendiqué d'être Saint-Martinois et la fiscalité avantageuse qui va avec, ils se souviennent subitement qu'ils sont Français, et fustigent l'état de ne pas les avoir "rapatriés" en priorité dès le lendemain de la catastrophe.

Entendons-nous bien, ces gens sont aussi des victimes ; ils ont le droit à exprimer leur souffrance et leur désarroi ; ils ont le droit à invoquer et obtenir notre pitié, notre compassion et nos dons. Nous avons le devoir de les aider. Mais est-ce que leur détresse leur donne la légitimité d'accuser tout le monde et n'importe qui ? d'ignorer leurs propres responsabilités ?



Beaucoup relaient ces messages sous prétexte d'afficher une sorte d'indignation facile ou de pseudo-solidarité à bon compte… se révoltent de loin... en fustigeant ceux qui dorment bien au chaud !



Nous ne disposons aujourd'hui que d'informations partielles. Et peut-être qu'à l'heure du bilan, on pourra mettre en évidence des insuffisances ou des  carences, des secours et de l'état. Et il conviendra de les dénoncer.  Et avec le mauvais esprit dont je fais parait-il souvent preuve, je serai le premier à relayer ces informations, pour autant qu'elles soient fondées sur de réels constats.



Mais si nous sommes en droit d'attendre de l'état qu'il fasse face à ses responsabilités, il n'est pas responsable du cyclone, il n'est pas responsable des saccages, vandalismes et pillages opérés par les Saint-Martinois, il n'est pas responsable des choix faits par les Saint-Martinois.



Les images et les témoignages poignants qui nous parviennent de l'île, ne peuvent que nous toucher.

De là à perdre tout esprit critique dans les informations qu'elles transmettent. Ente ceux qui témoignent plongés dans leur détresse et l'affolement, et ceux qui utilisent la détresse des autres pour se promouvoir  donneurs de leçon sans information validée… Il convient peut-être de mesurer sa parole, chercher à comprendre et de se concentrer sur ce qui est possible de faire.






http://www.lescrutateur.com/2017/09/autour-d-irma-creation-d-un-delire-par-des-paranos-dangereux.texte-de-f-j-ousselin.html?utm_source=_ob_share&utm_medium=_ob_facebook&utm_campaign=_ob_share_auto