lundi 29 novembre 2021

La Guadeloupe en crise ! Quelques clefs pour comprendre.

 

La Guadeloupe est en crise, barrages, émeutes, incendies, tirs d’armes à feu. C’est un phénomène qui peut sembler récurrent, difficile à comprendre de l’extérieur, et aux racines complexes. J’y vis depuis bientôt 35 ans, et je vais m’efforcer de fournir ici quelques clefs de compréhension.


Le refus de l’« obligation » vaccinale

Comme partout dans le monde, l’arrivée rapide d’un vaccin présenté comme issu d’une technologie nouvelle a généré quelques inquiétudes bien compréhensibles… En Guadeloupe plus qu’ailleurs, dès le départ. De plus, maintenant qu’il est établi que le vaccin est efficace et que les vaccinés sont 8 à 9 fois moins contagieux et moins sujet à des formes graves, la méfiance s’apaise progressivement ailleurs, pas en Guadeloupe.

Et pourtant, de nombreuses familles sont touchées, les chiffres sont catastrophiques (jusqu’à 100 % de non vaccinés hospitalisés au début de l’automne), il y a des containers réfrigérés près des hôpitaux pour suppléer aux insuffisances de la morgue… mais rien n’y fait.

Dans cette population où, les réactions sont souvent passionnelles, il ne faut pourtant pas s’étonner d’une telle réaction.

- D’abord on se méfie de ce qui vient de l’extérieur. On ne se sent pas respecté par les autres populations, alors les rapports sont souvent empreints de suspicion. Avec cela, différentes croyances en des forces cachées sont encore très vivaces et cette combinaison des deux constitue un terrain idéal pour toutes les théories du complot, y compris les plus invraisemblables ! Et dans ce cas, la présentation d’arguments rationnels ne convainc pas, elle ne fait souvent qu’accentuer le déni.

- Ensuite le rapport à l’autorité est toujours compliqué ici. Plus que l’esclavage, les séquelles de la colonisation et la crainte du racisme font qu’elle est souvent mal vécue, délicate à exercer… Alors plus que la vaccination en elle-même, c’est l’« obligation » qui est impopulaire. On présente alors le gouvernement comme « colonial » et on choisit son camp en fonction de ce critère, quoi que dise la raison. Et plus qu’ailleurs encore, l’orgueil interdit tout retour en arrière, même devant l’évidence. Beaucoup de situations deviennent ainsi des impasses.

- Le scandale du Chlordécone renforce cette méfiance et est souvent employé pour la justifier. Mais c’est un argument à double tranchant :

En 1990, sous la pression d’un lobby antillais (planteurs de bananes), l’État a accordé une dérogation pour prolonger l’usage du chlordécone (démontré internationalement nocif) aux Antilles. Aujourd’hui, on lui reproche (à juste titre !) un manquement à son devoir de protection de la population.

Si aujourd’hui, à la demande d’un quelconque groupe de pression antillais, l’État en vient à accorder une dérogation sur la vaccination (alors que la non-vaccination est reconnue internationalement comme létale), l’Etat prend le risque de se voir reprocher à nouveau un manquement à son devoir de protection de la population.

Un dernier point mérite d’être soulevé. Si on raisonne au singulier et qu’on considère que le vaccin n’est qu’une protection personnelle, alors l’obligation vaccinale est évidemment un non-sens et inacceptable. Si on pense collectivement et donc que le vaccin est d’abord une façon de protéger son entourage (en diminuant la probabilité d’être un vecteur de contamination) et de participer à l’immunité collective, alors le vaccin est une évidence.
Or en Guadeloupe on pense peu collectif. Le discours face au vaccin le démontre, mais pas seulement. En sport, si la Guadeloupe a donné à la France un nombre impressionnant (même disproportionné) de grands footballeurs, la Guadeloupe en tant qu’équipe, est régulièrement éliminée aux premiers tours des compétitions nationales. C’est vrai aussi en cyclisme, où l’équipe de Guadeloupe se fait régulièrement dominer sur son terrain (Tour de Guadeloupe) par des équipes de seconde zone… Dans la vie courante, les Guadeloupéens sont souvent des gens très propres chez eux, mais le domaine public (collectif) est constellé de décharges sauvages et les canettes en tous genres s’accumulent sur les bords de routes… Enfin, en politique, des hommes corrompus sont systématiquement élus (et réélus) – j’y reviendrai - dans l’espoir d’obtenir un petit job, une petite faveur… Et tant pis si c’est l’argent public qui finance ces cadeaux et que la plupart des communes sont en faillite ! Ce sont les pays qui ont la plus forte conscience collective (Israël, Danemark…) qui ont été les premiers vaccinés.


La vie chère !

C’est un fait incontestable, et ceux qui ont séjourné en Guadeloupe le savent, le coût de la vie y est élevé (12,5 % en 2016 d’après l’INSEE, mais c’est un peu comme le froid, le ressenti est bien pire ! D'autant que l'alimentation - produit de première nécessité s'il en est - souffre d'un surcoût de 34 à 38% !). Les fonctionnaires qui touchent un sursalaire de 40 % s’en tirent bien, mais pour les autres, ceux du privé, dont les revenus sont souvent inférieurs à ceux de la métropole, c’est lourd à porter.

C’était la revendication principale du LKP lors des mouvements de grève de 2009 qui ont bloqué l’île pendant 2 mois. Mais cette crise n’a rien changé fondamentalement, et les analyses qu’on entend dans les médias laissent dubitatif !

Tout d’abord délégitimons deux fausses raisons souvent invoquées :

- C’est l’octroi de mer (taxe locale) qui rend tout plus cher. Faux. L’octroi de mer vient en remplacement de taxes nationales. Au lieu d’avoir 20 % de taxes d’état, Aux Antilles on a environ 10 % de taxe nationales + 10 % de taxes locales. L’octroi de mer n’engendre donc pas de surcoût significatif.

- L’éloignement des centres de production entraîne des frais de transport importants. Souvent faux. Ça ne coûte pas plus cher d’expédier une automobile ou un container d’ordinateurs du Japon ou de Corée, en Guadeloupe qu’en France métropolitaine. Pour les ingrédients ramenés en container de métropole, ce qui coûte cher c’est la containérisation et le dépotage, et ils sont comparables pour un trajet Strasbourg Paris ou Strasbourg Pointe-à-Pitre. Quant à la distance parcourue en cargo, elle coûte peu. Ramené à un paquet de biscuit au milieu d’un container, ce surcoût lié au parcours maritime et inférieur au centime d’euro !

- Ce qui explique le coût élevé des marchandises aux Antilles, ce sont les monopoles. Les familles des anciens colons (ceux qu’on appelle les békés en Martinique) possèdent la plupart des sociétés d’import-export, les grossistes et les chaînes de supermarchés. Alors ils pratiquent les prix qu’ils veulent, et les autres s’alignent. Quand Leclerc a cru flairer la bonne opportunité an Martinique, en observant qu’il était facile de casser les prix. Il s’est installé un an, puis a été prié de partir. Pas question de casser le marché. Les békés ont un monopole féroce de certains secteurs, comme l’agroalimentaire ou l’automobile.

La forte prise de participation du groupe Hayot dans le groupe Promodes (Carrefour) fait qu’il est un des rares franchisés à pouvoir se permettre de masquer les prix Carrefour (normalement imposés pour tous les magasins) par une étiquette au tarif supérieur.

Un exemple me paraît très représentatif de ces anomalies. Au début des années 90, acheter un ordinateur en Guadeloupe coûtait deux fois plus chers (200 %!) qu'en métropole. Dans ce secteur pas encore « réservé » un trouble-fête métropolitain est venu s’installer (PC Leader), offrant des ordinateurs à 120 % du prix métropole. Dans le mois tous les revendeurs locaux se sont alignés et continuent à vendre (aujourd’hui à peine plus cher qu’en métropole) en étant largement bénéficiaires. C’est dire les marges ahurissantes qu’ils se faisaient avant.

- Une autre cause des prix élevés, est la curieuse gestion des ressources et l’absence d’autonomie de l’île, notamment dans le domaine agroalimentaire, mais là encore l’influence des importateurs n’est pas un mythe. Et puis l’agriculture repose essentiellement sur la canne et la banane, produits d’exportation qui appauvrissent la Guadeloupe. Quand un planteur touche 3 euros pour ses bananes, il y a en fait 1 euro de vente réelle et 2 euros de subventions d’état, qui pourraient être utilisés utilement à autre chose qu’à faire survivre des plantations non concurrentielles. Parallèlement on importe tous les ans en Guadeloupe 10 000 tonnes d’agrumes… Cherchez l’erreur.


Le manque d’eau au robinet...

Là aussi c’est une réalité ! Le réseau d’eau est vétuste, perd un tiers de sa production dans les fuites, comprend encore des tuyaux en fibrociment, date des débuts de la départementalisation. Certaines zones ne sont desservies que par intermittence. Les piquages ont été bricolés au lieu d’être réparés après les cyclones. Non seulement la distribution est défaillante mais il est difficile d’avoir confiance dans la qualité de l’eau. D’où la consommation importante de bouteilles d’eau, vendues trois fois plus chères qu’en métropole.

Tout le monde le constate, et les responsables sont connus. Les réseaux d’eau ont depuis longtemps été gérés par des « syndics », Siaeg et autres. Ces entités sont créées par les communes et sous la responsabilité des élus locaux eux-mêmes élus par les Guadeloupéens. De nombreux scandales trop vite étouffés ont montré que la plupart des communes (plutôt mieux dotées qu’en métropole) ne finançaient pas ces syndics à hauteur des engagements et des besoins et que le peu d’argent que ceux-ci recevaient servait à financer des voyages ou des appartements aux cadres et aux élus qui les avaient nommés1.

L’exploitation de ces réseaux d’eau est confiée à des « fermiers » (Générale des Eaux, etc.) qui encaissent les paiements des usagers mais n’ont en charge que les réparations… Le financement du développement et de l’entretien préventif est parti dans les poches des politiciens locaux.


On touche là une des principales causes des difficultés de la Guadeloupe. Depuis des décennies, les Guadeloupéens votent pour des maires corrompus, et connus comme tels (parfois déjà condamnés!), parce qu’ils en espèrent un avantage personnel, au mieux un emploi dans la fonction publique (très bien rémunéré!). Le résultat est que les communes de Guadeloupe ont en moyenne trois fois plus d’employés communaux par habitant qu’en métropole (et bien payés, ce sont des amis…). Alors que les communes sont mal entretenues, il n’y a que des chefs ! Les deux tiers du budget communal passent dans la masse salariale et 30 communes sur 33 devraient être déclarées en faillite. Mais quand on vote pour un maire corrompu dans l’espoir de tirer profit de l’argent public à titre personnel, il ne faut pas s’attendre à ce que le reste du budget soit géré au bénéfice de la collectivité et que le maire ne se serve pas aussi pour lui !

Mais détourner de l’argent public (lajen léta) n’est pas ici considéré comme immoral… On s’en vante même, c’est une preuve de ruse et de bonnes relations !

Dans le scandale de l’eau, ce sont bien les électeurs guadeloupéens qui ont élu leurs édiles à qui ils ont confié la nomination des responsables de la gestion de l’eau qui ont mis le système en faillite. Ce sont bien les électeurs guadeloupéens qui ont créé cette situation et qui détiennent les clefs du changement… C’est même le principe de la démocratie, et la raison d’être du droit de vote.

Contrairement au discours à œillères de certains2, ça n’est pas « l’État colonial » qui porte la responsabilité des décisions des électeurs guadeloupéens. Si l’État à failli, c’est de fermer les yeux trop longtemps sur ces pratiques. Mais les Guadeloupéens n’aiment pas non plus que « la justice coloniale » condamne leurs élus…

 

Le malaise de la jeunesse…

Le malaise évoqué par certain et lui aussi palpable. Près de la moitié d’entre eux s’en va faire leurs études ailleurs, et beaucoup ne reviennent pas. Une fois qu’ils se sont fait un cercle d’amis là-bas, ils ont moins envie de venir affronter les difficultés de l’emploi en Guadeloupe.

Il est certain que l’insularité est une particularité souvent handicapante. Les perspectives d’évolutions sont limitées, la Guadeloupe faible exportatrice et grande importatrice ne produit qu’une partie de sa consommation. Certains métiers n’existent pas ou si peu qu’ils restent précaires. Beaucoup d’entreprises sont dépendantes de marchés publics, ou au mieux d’un marché réduit et fermé…

En conséquence, les postes sont rares, donc chers, et comme partout, il est bon d’avoir des appuis, pour chaque poste qui s’ouvre il y a des dizaines de candidats, et certains ont des appuis sérieux. Celui qui n’en a pas n’a aucune chance, quels que soient ses atouts par ailleurs.

Pire l’institution des 40 % (sursalaires des fonctionnaires) a totalement faussé la donne. En Guadeloupe tu es fonctionnaire, tu gagnes bien ta vie, tu as la sécurité de l’emploi et les horaires réduits. Si tu travailles dans le privé, tu es payé au lance-pierre pour un emploi souvent précaire, qui dépend de l’humeur du patron. Pas étonnant que dans un tel contexte, l’« ambition » d’un jeune, c’est d’être fonctionnaire, pas de contribuer au développement économique de son pays. Mais là aussi les postes sont chers et le mérite d’un candidat ne pèse pas lourd3. Le résultat est une administration pléthorique, où les compétences ne sont jamais prises en compte et où tout le monde doit quelque chose à quelqu’un.

La création d’entreprise n’est pas non plus le recours qu’elle pourrait être. Ça peut marcher pour une entreprise grand public, comme les restaurant, mais si une entreprise marche bien et qu’elle est sur un marché spécifique, il est fréquent qu’un concurrent s’installe avec des appuis plus solides et coule celui qui a créé l’activité soit grâce à ses relations soit avec des pots-de-vin.

Ce système hyper clientéliste laisse peu de place à une jeunesse qui n’a pas de réseau familial. C’est à la fois un plafonnement de la compétence et donc de la qualité des services et surtout une machine à créer des exclus.

Le problème est que le gouvernement appelé à la rescousse à peu de moyens d’intervention dans ce domaine, à part peut-être un peu plus de vigilance dans l’embauche dans la fonction publique nationale… Le malaise est bien local ! Cette mainmise sur l’embauche est un élément de pouvoir des élus locaux… Ils n’ont aucune envie que les choses s’améliorent…

Une autre voie de progrès pourrait être le développement de secteurs d’activités faciles à exporter (comme l’informatique, les huiles essentielles…) ou de développer les pôles touristiques. Mais là encore les politiques qui devraient être les moteurs de ce genre de projets, sont pour la plupart issus de la fonction publique et n’ont jamais créé un emploi productif ou pris un risque entrepreneurial de leur vie…

Les idées passent parfois germent… rien ne se fait.

La commune où j’habite est tout à fait représentative de cette situation. Il y a 7 500 habitants et plus de 300 employés municipaux (pour une moyenne de 100 pour 10000 habitants en métropole…) et on continue d’embaucher4. Beaucoup ne travaillent que quelques heures par semaine5, et la commune manque visiblement d’entretien. Le maire habite une autre commune ne vient parfois qu’une demi-journée par semaine. La commune dispose de nombreux atouts : ruralité, centre de plongée réputé, emplacement idéal pour le nautisme itinérant, possibilités de randonnées, nombreux couchages sous forme de gîtes, communications routières, etc. Le maire actuel s’est fait élire en 2014 et 2020 avec un projet de « Station Nautique » ; idée qu’il a piqué à un de ses adversaires en cours de campagne, et pour laquelle il a fait voter de nombreux budgets… aujourd’hui consommés en frais divers. À ce jour rien n’a été fait, et la ville végète toujours sans perspective pour ses jeunes.

Le potentiel est là. Mais la seule façon de le faire évoluer c’est d’arrêter d’élire des politiciens aussi incompétents que corrompus. Les clefs sont bien dans les mains des Antillais.

Et puis, constituer des entités économiques qui amèneront la Guadeloupe à une économie plus équilibrée… commence par ne pas saboter le tissu économique tous les 10 ans !


Une réalité syndicale spécifique…

Il y a plusieurs syndicats représentés en Guadeloupe, mais celui qui fait le plus parler de lui et est à l’origine des mouvements du LKP en 2009 ou des barrages d’aujourd’hui, c’est l’UGTG.

Ce syndicat se distingue de l’idée qu’on se fait d’un tel organe à bien des égards.

- D’abord parce qu’il est coutumier d’agissements violents6

- Ensuite parce que l’idéologie affichée est contradictoire. Ce syndicat affiche des opinions clairement indépendantistes, mais en même temps la plupart de ses revendications portent sur plus de subventions et de financement d’état, plus d’embauche d’état, plus d’intervention d’état sur des problématiques purement locales…

- Et puis parce que ces exigences de résultats auprès de l’état n’en font pas une force de proposition et jamais un élément constructif. En 2009, le LKP disait vouloir lutter contre la vie chère. Mais les causes réelles (et locales) de cette cherté n’ont jamais été abordées. Au bilan de ce mouvement une prime de 200 € provisoire, et bien vite avalée par la non-augmentation des salaires, et une liste de 100 produits – dits de première nécessité – aux prix encadrés provisoirement. Ironie qui en dit long : cette liste a été établie par les békés eux-mêmes ! Elle comprenait le Tilleul menthe…
Mais rien pour démanteler les monopoles. Et 12 ans après rien n’a changé

- Et encore, des intérêts défendus pour le moins ambigus. Comme en 2009 l’UGTG (qui rassemble essentiellement des fonctionnaires touchant les 40 % ) fait le pari de laisser pourrir la situation, avec de nombreuses exigences de pure forme avant, d’accepter de négocier. On est à l’évidence bien plus dans le rapport de force que dans la recherche de solutions. Malheureusement (mais logiquement), en 2009 l’état comptait aussi sur la lassitude des habitants et le pourrissement de la situation. L’île a été bloquée deux mois, mais le mouvement de grève en lui-même n’a duré que 44 jours… pour préserver le trimestre de retraite des fonctionnaires grévistes7. Mais dans un même temps, dans chaque île, près de 1000 entreprises ont fait faillite, et 10 000 salariés ont perdu leur emploi.

C’est une constante de ces mouvements sociaux menés par l’UGTG (mais c’était aussi le cas des gilets jaunes) : les victimes de ces mouvements sociaux sont toujours les Guadeloupéens, des salariés Guadeloupéens, des malades Guadeloupéens qui n’accèdent pas aux soins, des artisans Guadeloupéens… des Guadeloupéens qui souffrent… personne d’autre ! Qui peut croire que cette catastrophe économique provoquée délibérément sert à aider les Guadeloupéens à sortir du marasme ?

Interrogé, après le LKP, par la télé locale sur le sort des employés des centres commerciaux restés sans salaire plus de deux mois, Elie Domota, fonctionnaire protégé de Pôle emploi a répondu en balayant la question d’un revers de main «qu’on leur trouverait un emploi… »… en pleine crise !

Cependant si vous évoquez la responsabilité des Guadeloupéens dans leurs difficultés ou émettez le moindre doute sur le fait que L’UGTG représente les Guadeloupéens contre l’« État Colonial », vous serez immédiatement classé « kolonialist » et vos arguments ne seront pas écoutés.

- Enfin, les méthodes et des résultats restent discutables. Si le LKP était plutôt soutenu par la population Guadeloupéenne, qui en attendait une amélioration de ses conditions de vie, le mouvement d’aujourd’hui peine à fédérer. Il faut dire que le bilan de ces manifestations laisse perplexe :

- Aucune avancée significative sur le long terme… (la vie chère a disparu ? Les monopoles qui piègent l'économie locale ont-ils été modifiés depuis 2009 ? pourquoi ?).

- Effondrement du tissu économique, pourtant seul capable de sortir l’île du marasme.

- Chômage et faillites.

- Renforcement du déséquilibre public/privé (et donc renforcement du pouvoir de blocage des syndicats bien implantés dans la fonction publique).

- Atteintes aux droits de circuler des citoyens. Les pseudo-défenseurs de leur liberté n’ont aucune considération pour celle des autres… ici comme ailleurs.

- Morts médicaux (essentiellement des dialysés qui n’ont pas pu se rendre au centre, des malades qui n’ont pas reçu les soins à temps, ou des malades hospitaliers morts parce que l’anesthésiste ou le chirurgien n’a pas pu se déplacer)8.

- Une image durablement ternie pour le tourisme (spécialement cette année ou les exactions sont bien plus médiatisées qu’en 2009), mais aussi pour la Guadeloupe et les Guadeloupéens en général (le pillage de boutiques ciblées et le spectacles de types jouant aux durs en se cachant derrière des cagoules est souvent jugé sévèrement par les observateurs extérieurs).

- Fermetures des écoles (moins que pour le Covid à ce jour, mais fallait-il en rajouter?)

Sans compter les « dommages collatéraux »

- Vandalisme ciblé (bijouteries, téléphonie, banques…) nocturne.

- Incendie de maisons et de commerces

- Présence de manifestants cagoulés et en arme sur les « barrages »

- Rançonnage des touristes et du personnel soignant.

Toutes choses qui tiennent de la délinquance et pas du mouvement social. pour ces derniers points, les mouvements et les syndicats qui créent le désordre et les conditions de ces dérapages ne les revendiquent pas…Mais exigent après coup la libération des délinquants pris en flagrant délit.
(Je pense personnellement que si le gouvernement a choisi d’envoyer le GIGN et pas des brigades de CRS comme il est d’usage lors de simples mouvements sociaux, c’est que ses renseignements prévoyaient ces débordements, donc ceux-ci étaient planifiés).


Au delà de l’« obligation vaccinale » qui provoque des réactions hystériques ici et ailleurs, et sur lesquelles l’UGTG voudrait s’appuyer pour créer un deuxième LKP, les problèmes évoqués lors de ces mouvements sociaux sont réels.

Mais il est évident que d’autres intérêts utilisent ce malaise, et entretiennent une confusion dont résulte un curieux mélange de violence et d’inefficacité

En accusant systématiquement le « gouvernement colonial » (il est vrai coupable, au minimum, d’ignorance et de maladresse !) de tous les maux, ces mouvements violents contribuent fortement à cacher les causes profondes du malaise antillais, qui, sont le plus souvent locales et internes.



1    Dont la célèbre Lucette Michaux-Chevry, engoncé dans les scandales et les procès avant son décès.

2    Je pense bien sûr à l’exposé tendancieux de nombreux syndicalistes mais aussi par exemple, à la vidéo surprenante de Claudy Siar, présentateur de Radio parisien d’origine guadeloupéenne, qui pendant plusieurs minutes fustige à répétition « l’état colonialiste » pour des manquements… dans les tâches dues aux élus locaux. C’est bien sûr populaire de déresponsabiliser ainsi son auditoire et d’en faire des victimes.

3    J’ai participé personnellement (et avec succès) à deux processus nationaux de recrutement dans la fonction publique de Guadeloupe. J’ai même été présenté au personnel d’une de ces institutions comme leur futur manager. Mais les deux fois, au moment de l’embauche, un candidat appuyé par « en haut » a eu finalement le poste, sans participer à aucun processus de sélection.

4    Deux embauches encore prévues au conseil municipal de ce mois-ci...

5    C’est déjà beaucoup ! Sur les 500 employés embauchés par la communauté d’agglomération lors de sa création en 2014, 90 n’ont jamais mis les pieds à la communauté. Ils se contentaient de toucher un (gros) salaire.

6    On se souviens du tabassage du directeur d’un fast-food parce qu’il ne fermait pas lors d’un jour déclaré férié par l’UGTG, ou du vidage du carburant des camions de la raffinerie avec menace d’un briquet, d’employés forcés manu-militari de quitter leurs bureaux (et de grossir ainsi le nombre de grévistes!), etc...

7    Dans la fonction publique, à partir de 45 jours de grève, les fonctionnaires perdent un trimestre de cotisation retraite.

8    En 2009, j’étais en préfecture quand les premiers morts hospitaliers ont été signalés. Le lendemain une réunion de tous les syndicats concernés à été initiée par M.Ursulet (syndicat hospitalier) et l’emprise sur la raffinerie a été relâchée pour permettre (trop tard) l’approvisionnement des véhicules d’urgence. Ces données n’ont jamais été rendues publiques.