La plupart d’entre nous en sommes convaincus aujourd’hui,
l’écologie est un enjeu majeur de notre avenir. Et cela impliquera
des modifications importantes de notre façon de vivre et de
consommer.
Cette
évidence fait de l’écologie un thème très populaire en
politique où il faut désormais montrer patte verte pour espérer
être élu. Mais cela ne pourrait n'avoir aucun effet positif si
l’écologie n’était dans le discours politique qu’un alibi
qu’un prétexte sans fondement, destiné à donner de la visibilité
à son auteur, sans étude de fond du sujet évoqué.
Je
voudrais vous donner ici trois sujets populaires chez les écolos
(politicars) et pourtant négatifs voire dramatiques pour les
écologistes (scientifiques). Ne ratez pas le troisième.
Ces
3 exemples concernent l’automobile. Parce que quand on est écolo
il faut être anti-voiture. Bien sûr le transport routier pollue, et
déplacer une à deux tonnes de métal à chaque fois qu’un quidam
veut changer d’endroit n’est pas très efficace. Et là aussi il
nous faudra à l’avenir changer notre mode de fonctionnement. Mais
d’autres secteurs comme la production électrique, le transport
maritime, le chauffage ou le transport de fret international à des
fins d’exploitation de main-d’œuvre bon marché ailleurs dans le monde… mériteraient
largement le même acharnement. Mais voilà, si l’écologie prône
le dialogue et la réflexion, le concept écolo ne souffre aucune
contestation, se contente d’évidences apparentes et jouit du rejet
de cet instrument de liberté individuelle qu’est l’automobile.
La
chasse aux SUV
Le dernier de ces « écolos » à se fourvoyer dans des idées
toutes faites est le WWF, qui vient de déclarer la guerre aux SUV
sur la base d’une étude… du WWF, juste ahurissante de mauvaise
foi, illustrée (en toute objectivité) par la photo d’un Range
Rover… (pur tout-terrain et très loin du SUV de monsieur tout le
monde).
Et
bien sûr le WWF incrimine le poids des équipements 4x4. Or, la
plupart des SUV commercialisés n’ont pas d’équipement
tout-terrain (et souvent même pas de version 4x4 commercialisée,
responsables de surpoids et de surconsommation) Mieux, ils sont
parfois équipés d’antipatinage qui permet d’affronter des
chemins glissant sans traîner un 4x4...
Ensuite
le WWF compare les SUV existants avec les véhicules dont ils sont
issus mécaniquement alors que les dits SUV offrent un confort et une
habitabilité qui les met en concurrence avec la gamme supérieure.
Autrement dit celui qui trouve que sa 208 est
devenue trop petite pour son usage familial, va choisir entre une
2008 et une 308… à motorisation égale (1,2l / 130cv) la 308 pèse
13 kg de plus et la surface frontale du 2008 est 1,7% plus grande…
Pareil pour le possesseur d’une Clio qui veut
passer à plus spacieux. Il choisira entre une Captur ou une Mégane :
à motorisation égale (1,3l / 130cv) la Mégane pèse 119 kg de
plus…
Le seul facteur pouvant entraîner une très
légère surconsommation des SUV est leur garde au sol. Les
ingénieurs ont depuis longtemps installé des spoilers sous la
calandre des berlines pour réduire le flux d’air sous le châssis,
chose impossible avec un SUV. Mais cet avantage de la berline n’est
réel que sur autoroute… et peut devenir gênant en usage urbain ou
campagnard.
Si
le SUV peut consommer un peu plus que le véhicule dont il partage la
plateforme mécanique, ça n’est plus vrai par rapport au véhicule
dont il est concurrent. Et puis essayer d’installer un siège bébé
dans un SUV ou dans la berline équivalente, vous comprendrez ! Les
SUV sont aussi très prisés par les gens qui doivent rentrer et
sortir souvent de leur voiture.
Loin d’être une lubie exotique, l’adoption
des SUV correspond à un besoin de confort et à une montée en gamme
qui se fait naturellement avec le vieillissement de la population,
son enrichissement et l’évolution de ses besoins et qui se faisait
déjà avant l’arrivée des SUV sur le marché. Autrement dit,
surtaxez les SUV et on assistera à l’abandon de ces véhicules
familiaux, pour une montée en gamme spectaculaire sur des berlines
bien plus joueuses !
Mais le WWF se garde bien de prendre en compte la
réalité du marché. Dans son étude
il compare sans rire une Opel Corsa, une Mercedes Classe A et… une
BMW X5 ! Supposées représenter « l’exemple supérieur »
de leurs catégories… On assimile les gros 4x4 aux SUV, alors qu’on
sépare les autres véhicules en Citadines et berlines… Et j’en
passe ! Ce document est un attrape-gogo, une insulte à toute
forme d’objectivité ou d’honnêteté. L’article de Jacques
Chevalier dans Le Point est de ce point de vue édifiant...
Le dernier argument du WWF concerne la sécurité.
Les SUV seraient plus accidentogènes que les berlines !
Surprenant quand on sait que le centre de gravité plus haut des SUV
n’autorise pas une conduite aussi « sportive » qu’avec
une berline. Le WWF s’appuie sur une étude américaine qui montre
une mortalité supérieure des piétons qui se font renverser par un
SUV… américain ! C’est probablement vrai pour les monstres
à calandre verticale et surdimensionnée qui circulent
outre-Atlantique… mais le transposer à nos VW T-cross, Ford Puma,
Renaut Captur ou Peugeot 2008 est absurde… C’est d’autant plus
de mauvaise foi que la même étude met cette surmortalité sur le
compte du comportement des conducteurs… pas celui de la voiture !
Bien sûr les gros SUV polluent ! Les (encore
plus) grosses berlines aussi ! Et c’est encore mieux de rouler
à vélo quand on peut… défendons l’écologie et une
consommation raisonnable, mais sans s’affranchir d’une analyse
objective pour faire le buzz et retrouver une visibilité dans la
presse !
Et
si vous avez été assez stupide pour dégonfler les pneus de votre voisin
qui s’est acheté le SUV dont vous avez envie, en prenant comme
alibi une pseudo-écologie et les mensonges du WWF… allez vous
excuser.
La
voiture électrique.
A
l’appui de sa démonstration, dans l’étude citée précédemment
le WWF compare sans vergogne le bilan carbone d’un SUV (on ne sait
pas lequel !) et celui d’une voiture électrique… ce qui est
bien évidemment absurde, mais surtout encore une fois d’une
mauvaise foi ahurissante !
-
D’abord le bilan carbone d’une voiture électrique n’est
vraiment intéressant que si l’électricité qu’elle utilise a
été produite par une énergie décarbonée… ce qui est loin
d’être le cas partout.
-
Ensuite le bilan carbone d’un objet, n’est pas son bilan
écologique. En France, où les énergies nouvelles ont bien du mal
prospérer, le besoin supplémentaire d’électricité nécessaire à
l’augmentation du parc de voitures électriques ne peut être
absorbé que par le nucléaire… relativement décarbonée certes,
mais pas vraiment écologique ! Il n’y a que Ségolène pour
prétendre qu’on va tous rouler en voiture électrique et fermer
des centrales nucléaires… Mais la vision de Ségolène…
Et
puis on l’oublie souvent mais la conversion vapeur, la turbine, le
générateur, les différents transformateurs et les lignes de
transports ont tous un rendement inférieur à un. La batterie
elle-même ne restituera qu’une partie de l’énergie qu’on lui
fournit (<80 % neuve) et le moteur électrique ont un
rendement … le tout cumulé, il faudra près de trois kW d’énergie
nucléaire pour un kW d’énergie mécanique aux roues d’une
voiture électrique…
- Et
enfin, la production des batteries, par ses exigences en matériaux
rares extraits le plus souvent dans des conditions inacceptables, est
en elle-même une catastrophe écologique. Sans compter que pour
avoir un minimum d’autonomie, il faut beaucoup de batteries et donc
un surpoids considérable (entre 30 et 50%) donc une consommation
d’énergie bien plus importante (celle due au surpoids que le WWF
reproche – à tort – aux SUV, elle est bien réelle là, mais le
WWF ne la considère plus…)
Alors,
il n’est pas impossible que des modèles électriques de petite puissance soient
un jour la solution à une circulation urbaine, demandant une faible
autonomie et permettant ainsi de déconcentrer la pollution. Mais ne
rêvons pas, la voiture électrique n’est pas la solution
écologique à nos besoins de déplacement, son succès actuel est
surtout dû à la nécessité des constructeurs de se conformer à la
législation européenne, qui leur impose d’avoir des modèles non
polluants dans leur gamme… Accessoirement, ça leur permet aussi
d’afficher des modèles avec une puissance instantanée
ébouriffante. Vous avez dit écologie ?
La
voiture hybride (non rechargeable) et bien pensée en termes de
transmission) peut être un mieux technologique. Avec peu de
batteries, la possibilité de récupérer l’énergie à la
décélération et de soulager le moteur thermique dans l’effort,
elle permet l’utilisation de moteurs à haut rendement (cycle
Atkinson) et permet une réelle économie de carburant… mais pas de
miracle.
La
fermeture des voies sur berges à Paris
Qui
pouvait ne pas être séduit par la belle image donnée par une foule
dilettante flânant sur les voies sur berges après leur fermeture.
Derrière cette mesure écolo dont se gambergent Anne Hidalgo et ses
acolytes écolos il y a une réalité bien différente !
Ceux
qui ont consulté les chiffres d’AirParif quelque temps après
l’entrée en vigueur de la mesure, ont probablement été surpris.
Si la fermeture des voies sur berge entraînait bien une baisse de
25 % de la pollution sur l’axe concerné (un petit trait sur
une carte de la capitale), les embouteillages qu’elle occasionnait entraînaient une augmentation de 5 à 15 % de la pollution sur
le reste de la capitale et sur les zones d’approche (zones très
populeuses aux abords des principaux axes autoroutiers desservant la
capitale).
Mais
AirParif est un organisme financé par l’Hôtel de Ville de Paris,
et à l’approche des élections municipales l’organisme n’a pas
modifié ses chiffres mais en a fait une présentation différente…
moins défavorable à la maire sortante ! Les mesures prises sur
les voies sur berges étaient supposées représenter une zone
étendue autour de l’axe, et a contrario, les mesures faites
ailleurs dans Paris étaient supposées ne concerner que l’angle du
carrefour où elles avaient été prises. Entre deux carrefours…
Une zone blanche où « on ne sait pas » (il est bien
connu que la pollution s’arrête à un mètre d’une borne de
mesure !).
Bien
sûr, l’opposition représentée par la Région Ile-de-France et sa
présidente Valérie Pecresse, a commandé une contre-étude
confiée au professeur Pierre Carli, directeur SAMU et président du
Conseil National de l’Urgence Hospitalière qui a évidemment
confirmé la forte sur-pollution sur une zone très étendue, liée à
la fermeture des voies sur berges.
Cela
ne pourrait être qu’une arnaque politique écolo si les
conséquences n’étaient pas catastrophiques pour la population.
Une étude intéressante de l’ORS
montre qu’une baisse de la moitié de la pollution de l’air fait
baisser des deux tiers la mortalité (autrement dit, à ce niveau
moyen de pollution si on double la pollution on multiplie par 3 le
nombre de décès pour cause respiratoire - hors covid !) ou
encore qu’une hausse de 10 % entraîne une surmortalité de
20 %.
Si
on en croit les chiffres de l’ARS, qui estime le nombre de mort du
fait de la pollution à Paris à 2500/an… ça fait 500 morts
supplémentaires, non compris les zones d’approche. Mais si on en
croit les chiffres d’Anne Hidalgo qui – pour argumenter en faveur
de sa décision ! - estimait le nombre de mort annuel à 6600,
alors la fermeture des voies sur berges a causé plus de 1300 morts…
La fermeture des
voies sur berges à Paris est la plus grande catastrophe écologique
du siècle dans la capitale.
Et pourtant bien des
gens la voient comme une avancée ! Méfions-nous de notre biais
de confirmation, celui qui nous pousse à croire… ce qu’on a
envie de croire. Méfions-nous des évidences. Apprenons à valider
nos informations. Les chiffres existent souvent.
Si
votre voisin se vante d’avoir dégonflé les pneus d’un SUV (et
fait consommer inutilement l’énergie du regonflage), s’il a
récemment acheté une voiture électrique et s’il a voté Hidalgo
ou les verts aux dernières élections, il n’est pas plus
écologiste que vous. C’est juste un gogo avec une étiquette
verte.