mercredi 9 mai 2018

La voiture autonome, mythe, menace ou avenir ?




Je ne m'en cache pas, quand j'ai eu mon permis de conduire j'ai savouré l'autonomie que cela me donnait, et j'ai toujours aimé conduire, et préféré conduire qu'être conduit… alors la voiture autonome… 
Et puis je m'attriste à l'idée que mes petits enfants ne connaîtront pas ce bonheur…
Mais je suis aussi ingénieur, intéressé par les nouvelles technologies et je m'efforce d'être pragmatique. Et il me semble que certains éléments soient à considérer :

1-La voiture autonome arrive. Quoiqu'on en pense, 
quels que soient ses déboires, elle existera.
 
Ses promoteurs sont nombreux, riches, puissants et concurrents. Les technologies existent déjà. Le marché est énorme. Son apparition, voire sa généralisation dans certaines villes est inéluctable. Et c'est une question d'années… de quelques années. Peu importe qu'un des opérateurs connaisse quelques problèmes ou annonce un report partiel de ses essais. Peu importe les réticences et les obstacles. Les intérêts sont colossaux et c'est comme ça que marche notre société… Il y aura encore des accidents pendant la phase de montée en puissance, et ils seront certainement montés en épingle… mais cela ne fera que ralentir les choses, parce que :

2 - La voiture autonome est amenée à devenir rapidement 
plus sûre que le véhicule conduit par un humain.


- D'abord les éléments qu'elle utilise sont moins perfectionnés, mais bien plus fiables que l'être humain.

- Aussi parce qu'ils sont en mesure de détecter leurs propres failles. Une intelligence Artificielle qui sait que ses caméras sont en panne ou que ses mesures sont incohérentes ou que ses plaquettes de freins sont usées, refusera de démarrer (alors qu'un homme trop fatigué ou un peu éméché prendra le volant)… De plus elle sait –elle – téléphoner tout  en restant capable de conduire de façon optimale !

- Ensuite, ils sont rationnels et dépourvus de réactions émotionnelles, souvent en jeu dans les accidents (énervement, panique, décision illogique, erreur d'appréciation…)

- Enfin et surtout, parce qu'ils sont auto-perfectibles. A chaque fois qu'un accident surviendra avec un véhicule autonome, il sera analysé, et l'apprentissage ainsi réalisé pourra être implanté dans tous les véhicules circulants… Alors que l'erreur d'appréciation ou la distraction d'un conducteur strasbourgeois, n'empêchera jamais qu'elle se reproduise à Houston ou à Trévise… ou même dans la rue d'à côté

Et les chiffres se chargeront de vaincre les résistances.



3- Les réticences mentales céderont devant les faits

Bien sûr, l'idée qu'on puisse se faire tuer par un robot roulant et imparfait est révoltante, angoissantes même. Mais la perspective de se faire tuer est fondamentalement assez désagréable.

Dans l'accident survenu aux Etats-Unis, où une femme circulant sans signalisation à vélo, sur une voie rapide s'est faite renversée par un véhicule autonome. On est impressionné par l'inhumanité de ce drame, la machine qui tue froidement. Et l'enquête a mis en évidence une erreur d'appréciation de la machine[1]. Mais si cela ne dédouane pas le véhicule ou ses concepteurs, avant de conclure, il faut prendre en compte que la victime avait multiplié les prises de risque, et que la probabilité qu'elle se fasse renversée par un véhicule piloté par un humain était déjà élevée !

Plus généralement, La voiture autonome n'atteindra jamais un taux d'accidentnul. Mais ça n'est pas ce qui invalidera le concept. Il suffit qu'elle atteigne un taux d'accidents inférieur à celui des accidents causés par des êtres humains. Quel que soit la difficulté mentale et éthique de confier sa vie à des machines "pensantes", il faudra bien convenir que 10 personnes tuées par des machines sont préférables à 1000 tuées par des personnes imprudentes, ivres, droguées, distraites ou maladroites…



4 - La voiture autonome est une solution
aux excès actuels de la circulation automobile.


Quand on entend Anne Hidalgo annoncer pompeusement la fin de la circulation automobile dans Paris dans quelques années, sans évoquer les solutions qui permettront d'atteindre ce résultat, on pense à sa copine Ségolène qui annonce la fin du nucléaire sans mettre en œuvre les solutions de substitution… pipeau ! Mais les coups de com stériles de politicien(ne)s en mal de présence médiatique, ne doivent pas faire oublier la réalité du problème. Les grandes villes saturent. Les transports en communs ne peuvent totalement prendre en charge  les besoins des usagers.

Imaginez une ville uniquement accessibles aux véhicules autonomes et connectés, équipée des bornes utiles,  qui pourrait ainsi totalement réguler son trafic, et qui mettrait à disposition une flotte de véhicules ultra-simples aux performances urbaines et sans chauffeurs accessibles sur abonnement… sans infrastructure lourde (rails ou tunnels)… dispensant ses résidant de l'achat d'une voiture et résolvant du même coup le problème du stationnement et des embouteillages, maitrisant la recharge des véhicules électriques... Sans en interdire l'accès aux véhicules de grande route… 
A certaines conditions on pourrait atteindre le taux zéro d'accidents.



5 -Le principal obstacle resterait comportemental. 


Supposons un système ultra-sécuritaire, où les piétons (ou les cyclistes) seraient certains d'être repérés par les voitures et que celles-ci feraient ce qu'il faut pour les éviter… Il est à craindre que ces piétons abusent largement du système, en traversant n'importe comment et n'importe où par exemple, de telle sorte que les véhicules soient constamment obligés de stopper pour leur laisser le passage jusqu'à ne plus pouvoir circuler. Ce sera le principal obstacle à la généralisation des véhicules autonomes.

L'expérience des pays ou le vélo est devenu prioritaire comme à Amsterdam, ou encouragé comme à Montréal est spectaculaire. J'ai circulé dans ces deux villes sans jamais être mis en danger par un automobiliste J'ai même été surpris de leur civilité…
Mais il m'est souvent arrivé de devoir faire un bond pour éviter un cycliste, et même de me faire bousculer par ceux-ci… En faire des circulants privilégiés en a fait des dangers publics pas toujours responsables !...

Les véhicules autonomes sûrs ne pourront circuler que si les piétons et les cyclistes qui partagent le même espace font preuve de civisme… Et là… c'est pas gagné !






[1] https://www.20minutes.fr/high-tech/2267695-20180508-uber-voiture-autonome-tue-pieton-choisi-eviter