Je ne m'en cache pas, quand j'ai eu mon permis de conduire
j'ai savouré l'autonomie que cela me donnait, et j'ai toujours aimé conduire,
et préféré conduire qu'être conduit… alors la voiture autonome…
Et puis je
m'attriste à l'idée que mes petits enfants ne connaîtront pas ce bonheur…
Mais je suis aussi ingénieur, intéressé par les nouvelles technologies
et je m'efforce d'être pragmatique. Et il me semble que certains éléments soient
à considérer :
1-La voiture autonome arrive. Quoiqu'on en pense,
quels que soient ses déboires, elle existera.
Ses promoteurs sont nombreux, riches, puissants et concurrents.
Les technologies existent déjà. Le marché est énorme. Son apparition, voire sa
généralisation dans certaines villes est inéluctable. Et c'est une question
d'années… de quelques années. Peu importe qu'un des opérateurs connaisse quelques problèmes ou
annonce un report partiel de ses essais. Peu importe les réticences et les
obstacles. Les intérêts sont colossaux et c'est comme ça que marche notre
société… Il y aura encore des accidents pendant la phase de montée en puissance,
et ils seront certainement montés en épingle… mais cela ne fera que ralentir
les choses, parce que :
2 - La voiture autonome est amenée à devenir
rapidement
plus sûre que le véhicule conduit par un humain.
- D'abord les éléments qu'elle utilise sont moins
perfectionnés, mais bien plus fiables que l'être humain.
- Aussi parce qu'ils sont en mesure de détecter leurs propres
failles. Une intelligence Artificielle qui sait que ses caméras sont en panne
ou que ses mesures sont incohérentes ou que ses plaquettes de freins sont usées,
refusera de démarrer (alors qu'un homme trop fatigué ou un peu éméché prendra
le volant)… De plus elle sait –elle – téléphoner tout en restant capable de conduire de façon
optimale !
- Ensuite, ils sont rationnels et dépourvus de réactions
émotionnelles, souvent en jeu dans les accidents (énervement, panique, décision
illogique, erreur d'appréciation…)
- Enfin et surtout, parce qu'ils sont auto-perfectibles. A
chaque fois qu'un accident surviendra avec un véhicule autonome, il sera
analysé, et l'apprentissage ainsi réalisé pourra être implanté dans tous les
véhicules circulants… Alors que l'erreur d'appréciation ou la distraction d'un conducteur
strasbourgeois, n'empêchera jamais qu'elle se reproduise à Houston ou à Trévise… ou même dans la rue d'à côté
Et les chiffres se chargeront de vaincre les résistances.
3- Les réticences mentales céderont devant les faits
Bien sûr, l'idée qu'on puisse se faire tuer par un robot
roulant et imparfait est révoltante, angoissantes même. Mais la perspective de
se faire tuer est fondamentalement assez désagréable.
Dans l'accident survenu aux Etats-Unis, où une femme
circulant sans signalisation à vélo, sur une voie rapide s'est faite renversée
par un véhicule autonome. On est impressionné par l'inhumanité de ce drame, la
machine qui tue froidement. Et l'enquête a mis en évidence une erreur
d'appréciation de la machine[1]. Mais si cela ne dédouane pas le véhicule ou ses concepteurs, avant de conclure, il faut prendre en compte que la victime avait multiplié les prises de risque, et que la probabilité
qu'elle se fasse renversée par un véhicule piloté par un humain était déjà
élevée !
Plus généralement, La voiture autonome n'atteindra jamais un
taux d'accidents nul. Mais ça n'est pas
ce qui invalidera le concept. Il suffit qu'elle atteigne un taux d'accidents
inférieur à celui des accidents causés par des êtres humains. Quel que soit la
difficulté mentale et éthique de confier sa vie à des machines
"pensantes", il faudra bien convenir que 10 personnes tuées par des
machines sont préférables à 1000 tuées par des personnes imprudentes, ivres,
droguées, distraites ou maladroites…
4 - La voiture autonome est une solution
aux excès actuels de la circulation automobile.
aux excès actuels de la circulation automobile.
Quand on entend Anne Hidalgo annoncer pompeusement la fin de
la circulation automobile dans Paris dans quelques années, sans évoquer
les solutions qui permettront d'atteindre ce résultat, on pense à sa copine
Ségolène qui annonce la fin du nucléaire sans mettre en œuvre les solutions de
substitution… pipeau ! Mais les coups de com stériles de politicien(ne)s en mal
de présence médiatique, ne doivent pas faire oublier la réalité du problème.
Les grandes villes saturent. Les transports en communs ne peuvent totalement
prendre en charge les besoins des
usagers.
Imaginez une ville uniquement accessibles aux véhicules autonomes et connectés, équipée des bornes utiles, qui pourrait ainsi
totalement réguler son trafic, et qui mettrait à disposition une flotte de
véhicules ultra-simples aux performances urbaines et sans chauffeurs
accessibles sur abonnement… sans infrastructure lourde (rails ou tunnels)… dispensant
ses résidant de l'achat d'une voiture et résolvant du même coup le problème du
stationnement et des embouteillages, maitrisant la recharge des véhicules
électriques... Sans en interdire l'accès aux véhicules de grande route…
A certaines
conditions on pourrait atteindre le taux zéro d'accidents.
5 -Le principal obstacle resterait comportemental.
Supposons un système ultra-sécuritaire, où les piétons
(ou les cyclistes) seraient certains d'être repérés par les voitures et que celles-ci feraient ce
qu'il faut pour les éviter… Il est à craindre que ces piétons abusent largement
du système, en traversant n'importe comment et n'importe où par exemple, de
telle sorte que les véhicules soient constamment obligés de stopper pour leur
laisser le passage jusqu'à ne plus pouvoir circuler. Ce sera le principal
obstacle à la généralisation des véhicules autonomes.
L'expérience des pays ou le vélo est devenu prioritaire
comme à Amsterdam, ou encouragé comme à Montréal est spectaculaire. J'ai
circulé dans ces deux villes sans jamais être mis en danger par un
automobiliste J'ai même été surpris de leur civilité…
Mais il m'est
souvent arrivé de devoir faire un bond pour éviter un cycliste, et même de me
faire bousculer par ceux-ci… En faire des circulants privilégiés en a fait des
dangers publics pas toujours responsables !...
Les véhicules autonomes sûrs ne pourront circuler que si les
piétons et les cyclistes qui partagent le même espace font preuve de civisme…
Et là… c'est pas gagné !
[1] https://www.20minutes.fr/high-tech/2267695-20180508-uber-voiture-autonome-tue-pieton-choisi-eviter