mardi 11 juillet 2023

Les aveugles sont devant l’abîme…


 

À chaque période de troubles et de violences de rue, on voit les mêmes commentateurs politiques se poser les mêmes questions et émettre les mêmes hypothèses sur les causes de cette dégradation de la vie sociale. Pourtant les signes explicites s’accumulent depuis des années.

En 2002, lors des élections présidentielles, le président sortant obtiendra 19,88 % des voix. Ça n’est pas qu’un désaveu personnel, l’autre « parti de gouvernement » représenté par Lionel Jospin fera à peine 16 % et, séisme politique, se fera battre par J.M. Lepen de l’extrême droite.

Le message est clair : on ne veut plus de ces politiques « traditionnels » qui font de la politique politicienne et ne gouvernent pas dans notre intérêt.


En 2007, Nicolas Sarkozy qui a compris et retenu la leçon, fait campagne sur le thème « vous en avez marre de ces politiques qui ne tiennent pas leur parole, qui ne font rien pour vous. Moi je ferai ! ». De leur côté les socialistes, lors d’une primaire, éliminent sèchement le scandale du sang contaminé (L. Fabius) et le scandale de la MGEN (D. Strauss-Kahn) au profit d’une candidate opportuniste et mal connue donc plus ou mons nouvelle : Ségolène Royale. Même F. Bayrou, habituel troisième larron dépassera les 18 %. Mais au premier tour Sarkosy ne dépassera pas les 31 %.

Le message est à nouveau clair : on veut du nouveau, autre chose !

Une fois élu, la bonne communication de campagne de Sarkosy se vautre. Mal conseillé, il cherche des voix à l’extrême droite, c’est une erreur stratégique. En 2012, après l’élimination de D. Strauss-Kahn qui avait pourtant redoré son blason au FMI, les socialistes organisent une primaire où 5 « dinosaures » se partagent le gâteau avec des scores de près de 20 % chacun… Aucun candidat ne se détache, ne séduit. C’est une campagne par défaut qui laisse la place à un F. Hollande fadasse.

Les électeurs veulent autre chose mais les partis politiques ne l’entendent pas, trop préoccupés à préserver un système fait pour eux… pas pour les électeurs.

En 2017, les électeurs se précipitent vers un nouvel arrivant dont on ne sait pas grand-chose. Mais il est jeune, et n’appartient pas au sérail. Il répond donc à ce besoin d’autre chose que les partis traditionnels, en complète déconfiture, ne veulent pas voir.

Emmanuel Macron est élu, fait illusion un temps, puis déçoit. Des mesures comme la suppression du RSI (donc à l’encontre du grand capital qui se sucre sur les Français) vont dans le bon sens, mais d’autres comme la suppression de l’ISF en même temps que la diminution des allocations familiales, envoient un mauvais message. Une communication désastreuse tant dans les actes que dans les mots renvoie l’image d’un président et d’un gouvernement hors sol, loin de la réalité des Français.

Et c’est la révolte des gilets jaunes


Mouvement curieux que ces gilets jaunes :

- Au moment où il se produit, la France ne va pas particulièrement mal. Ça n’est pas un événement ou une circonstance particulière qui déclenche le mouvement, mais la déception ! On veut autre chose, des gens qui gouvernent selon notre réalité, pas ces privilégiés qui vivent dans un monde protégé, et continuent à s’octroyer des privilèges.

Le signal est fort ! Mais il en dit bien plus.

- Le mouvement est exceptionnellement, mais inégalement violent. J’ai vu des défilés pacifiques de gens qui discutaient volontiers. Et dans la même ville (Lyon) à d’autres horaires, des casseurs qui revendiquaient un acte politique. Bien avant l’arrivée des black blocks, les casseurs qui s’attaquaient aux monuments ou aux vitrines des commerçants portaient bien des gilets jaunes. En démolissant le patrimoine des Français, en cassant l’outil de travail de Français, en détruisant les biens vitaux de Français (voitures incendiées…), en bloquant les citoyens dans divers ronds-points, c’est bien aux Français que se sont attaqués les gilets jaunes… pas au gouvernement !

Plus troublant encore, cette pratique qui consistait à ne laisser passer aux ronds-points que ceux qui affichaient un gilet jaune ou klaxonnaient en signe d’approbation : « Soyez de notre côté ou nous nous en prendrons à votre liberté de circuler, vos libertés individuelles. »... Interdit de penser autrement. Pratiques qui constituaient en leur temps les premières manifestations de chemises brunes ou noires… Contrairement à ce que le wokisme ambiant laisse entendre, la justesse d’une cause ne justifie pas tous les moyens de la défendre.

- Ces mouvements ont été largement soutenus par les formations d’extrême droite de Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon.


Nos analystes ou nos dirigeants parlent toujours d’un feu qu’il faudrait éteindre, en ignorant ou feignant d’ignorer le mouvement de fond, sans se remettre en question. Les partis traditionnels n’offrent toujours pas d’alternative.

Pourtant, dans un monde qui se bipolarise entre dictatures et démocraties, les autocrates, eux, ne se voilent pas la face. Ils observent, attisent et attendent une victoire du totalitarisme grâce aux faiblesses et à l’aveuglement de nos démocraties.


Toujours dubitatif ? Alors passons aux exemples concrets :

En 1922 l’Italie est en crise. Le pouvoir en place et les partis de gouvernement traditionnels sont décrédibilisés. Un certain Benito, anticapitaliste, ancien membre du Parti Socialiste Italien dont le nouveau parti est minoritaire, attise les rivalités, mobilise la foule avec des excès oratoires et des discours enflammés et manichéens, se présente comme un sauveur, et profite de l’instabilité politique pour créer des alliances éphémères et s’installer au pouvoir, faisant preuve d’un ego démesuré, instaure un culte de la personnalité et une terrible dictature.

Le peuple qui le pendra n’avait rien vu venir…

 

En 1933 l’Allemagne subit la Grande dépression. Le pouvoir en place et les partis de gouvernement traditionnels sont décrédibilisés. Un certain Adolf, anticapitaliste, membre du parti minoritaire (National)-Socialiste, utilise la violence politique, mobilise la foule avec des excès oratoires et des discours enflammés et manichéens, se présente comme un sauveur, bricole des alliances pour s’installer au pouvoir en profitant de la pagaille qu’il a largement contribué à créer, montrant un ego démesuré, instaure un culte de la personnalité et une terrible dictature.

Le peuple engagé dans une guerre féroce avait espéré.


En 2023 la France va mal. Le pouvoir en place et les partis de gouvernement traditionnels sont décrédibilisés. Un certain Jean-Luc, anticapitaliste, ancien membre du Parti Socialiste dont le nouveau parti est minoritaire, attise les haines, la violence politique et verbale, et encourage la déstabilisation, mobilise la foule avec des excès oratoires et des discours enflammés et manichéens, se présente comme un sauveur, crée des alliances pour conquérir le pouvoir, dépassé par son ego démesuré, instaure un culte de la personnalité et…

En l’absence d’un parti de gauche auquel raccrocher ses espoirs, une partie du peuple veut y croire.

Mais une comparaison des trajectoires, postures, méthodes, saillies et discours de ces trois individus est glaçante