lundi 27 février 2017

L'hérésie du service militaire…









Régulièrement on voit passer dans les medias, des plaidoyers pour le retour au service militaire.

Au nombre de ces soutiens on trouve de nombreuses femmes, comme Samia Ghali… qui n'ont bien sûr qu'une appréciation extérieure de la chose. Mais aussi Arnaud Montebourg qui ne vivait déjà que de piston en piston et a fait son service en basket, ou Eric Ciotti qui s'est fait exempté…



Et si on se penchait un peu sur la réalité de la chose…

Si Jacques Chirac ne l'avait pas fait supprimer en 1996, cette vitrine de l'injustice sociale aurait disparu à cause des scandales qui l'entouraient. Sa réalité dépendait d'abord du piston dont vous disposiez (et dans un second temps de la tête du client), et à ce titre il représentait une des plus grandes injustices sociales instaurées par la République. Avec de bonnes relations, vous pouviez vous faire dispenser comme Ciotti, alors que j'ai vu embrigadés de réels soutiens de famille et même des jeunes souffrant de handicaps avérés et finalement affectés à des tâches de bureau !

Après, et toujours  suivant le piston, vous pouviez vous faire affecter dans un des rares postes valorisants comme le contingent scientifique, ou alors trouver une planque à deux pas de chez vous (comme Montebourg), ou sinon, partir en Allemagne faire des tours de garde ou être affecté aux cuisines à l'autre bout de la France.



Qui peut penser qu'un tel système fondé sur les relations et l'arbitraire, pourrait aider à l'intégration des jeunes aujourd'hui ?



L'arbitraire et l'injustice  continuaient une fois en service. Tous ceux qui ont fréquenté les casernes ont des exemples à citer comme cet ingénieur CNAM humilié régulièrement par son commandant qui n'était pourtant qu'un attaché administratif bedonnant de sa base aérienne…



Les jeunes recrues étaient supposées apprendre à devenir des "hommes" au service. Bien qu'ils aient porté l'uniforme, la grande majorité de nos appelés n'ont eu qu'une formation militaire approximative limitée aux deux mois de leurs classes… et à la marche au pas !

Par contre beaucoup y ont appris ce qu'apportent la consommation excessive de bière, et l'existence d'un extraordinaire marché du porno. Bien sûr aujourd'hui internet rendrait inutile cette presse, mais le confinement de jeunes mâles sur ces bases n'était pas anodin, et les évènements comme ce jeune appelé à l'intestin perforé par un manche à balais quelque part dans les Pyrénées (et exceptionnellement relaté par RTL dans un journal de l'après-midi)  étaient systématiquement étouffés par la grande muette. De même que les sanctions pour concours d'urine dans la graisse à frites ou de jets d'agrafes dans la choucroute…



Je ne suis pas un opposant systématique. Pour ne pas risquer de passer un an à balayer les cours, j'avais même pris un engagement EVSOM (Engagé Volontaire Spécial pour l'Outre-Mer) comme mécanicien. En fait de mécanique, je me suis retrouvé par une astuce administrative, à ramasser  quotidiennement des poubelles gluantes dans la chaleur de Djibouti. Je me suis fait rapatrier en laissant  entendre mon intention d'ébruiter  les anomalies de ce type de contrats à l'aide de mon député et de la presse, et j'ai résilié mon contrat. Tous les contrats EVSOM n'étaient pas à ce point pervertis, mais l'année d'après un jeune EVSOM est mort parce qu'il avait été forcé de suivre l’entraînement des légionnaires… ces contrats  ont été supprimés peu de temps après…



J'ai fini mon service au magasin de la base aérienne de Cambrai. La plupart du personnel du service avait été condamné dans une affaire de revente illégale de tenues militaires ! Et le seul combat que j'ai mené était contre le rond de cuir en uniforme charge d'affecter les gardes et les corvées…  
Les règles arbitraires et la hiérarchie servile sont faites pour minimiser le facteur humain. Elles se contentent de le cacher. Elles contrarient bien les rapports humains mais constituent autant d'incitations au contournement et à l'abus de pouvoir. Pas vraiment une école de la vie…


On est très loin de l'amitié virile des unités combattantes ou du prestige discipliné d'un 14 juillet qui hante les rêves de quelques députés ignorants, ou de jeunes filles idéalistes.

Je dois aussi citer ce jeune illettré, emprisonné sans comprendre, parce qu'il avait osé ne pas répondre à sa convocation… écrite, et traité avec arrogance et mépris par ces uniformes sûr de leur bon droit.


Bien sûr, certains ont de bons souvenirs de leur temps d'armée, mais interrogez les plus profondément avant de vous autoriser un jugement. Bien sûr certains militaires, et certaines unités (je pense au RSMA) ont un véritable apport dans la société, mais c'est une affaire d'hommes, pas d'institutions. 


Et certainement qu'il peut être utile d'avoir des entités d'encadrement pour les jeunes en mal de repère… certainement pas  ce symbole de la discrimination sociale qu'était, quoique les ignorants disent, le service militaire.



J'ai lu quelque part que certains voyaient dans le service militaire une solution contre le chômage… faire disparaître 100 000 jeunes pendant un an, ça diminue les chiffres, pas le chômage ! C'est une mystification à la Hollande ! Autant les fourguer dans des organismes de formation, pas plus chers et parfois utiles !



Il est temps pour les électeurs de réaliser que ces personnages sûr d'eux et à qui leur statut de politicien élu donne autorité, brandissent de fausses solutions, dont eux même ignorent tout.

Avant de rallier des opinons infondées brandies par des ignorant en mal d'une image de fermeté ou d'une virilité de façade, informez-vous. Interrogez ceux qui savent.