dimanche 25 octobre 2020

Quand l’écologie devient une arnaque.

 

La plupart d’entre nous en sommes convaincus aujourd’hui, l’écologie est un enjeu majeur de notre avenir. Et cela impliquera des modifications importantes de notre façon de vivre et de consommer.

Cette évidence fait de l’écologie un thème très populaire en politique où il faut désormais montrer patte verte pour espérer être élu. Mais cela ne pourrait n'avoir aucun effet positif si l’écologie n’était dans le discours politique qu’un alibi qu’un prétexte sans fondement, destiné à donner de la visibilité à son auteur, sans étude de fond du sujet évoqué.

Je voudrais vous donner ici trois sujets populaires chez les écolos (politicars) et pourtant négatifs voire dramatiques pour les écologistes (scientifiques). Ne ratez pas le troisième.

Ces 3 exemples concernent l’automobile. Parce que quand on est écolo il faut être anti-voiture. Bien sûr le transport routier pollue, et déplacer une à deux tonnes de métal à chaque fois qu’un quidam veut changer d’endroit n’est pas très efficace. Et là aussi il nous faudra à l’avenir changer notre mode de fonctionnement. Mais d’autres secteurs comme la production électrique, le transport maritime, le chauffage ou le transport de fret international à des fins d’exploitation de main-d’œuvre bon marché ailleurs dans le monde… mériteraient largement le même acharnement. Mais voilà, si l’écologie prône le dialogue et la réflexion, le concept écolo ne souffre aucune contestation, se contente d’évidences apparentes et jouit du rejet de cet instrument de liberté individuelle qu’est l’automobile.


La chasse aux SUV

Le dernier de ces « écolos » à se fourvoyer dans des idées toutes faites est le WWF, qui vient de déclarer la guerre aux SUV sur la base d’une étude… du WWF, juste ahurissante de mauvaise foi, illustrée (en toute objectivité) par la photo d’un Range Rover… (pur tout-terrain et très loin du SUV de monsieur tout le monde).

Et bien sûr le WWF incrimine le poids des équipements 4x4. Or, la plupart des SUV commercialisés n’ont pas d’équipement tout-terrain (et souvent même pas de version 4x4 commercialisée, responsables de surpoids et de surconsommation) Mieux, ils sont parfois équipés d’antipatinage qui permet d’affronter des chemins glissant sans traîner un 4x4...

Ensuite le WWF compare les SUV existants avec les véhicules dont ils sont issus mécaniquement alors que les dits SUV offrent un confort et une habitabilité qui les met en concurrence avec la gamme supérieure.

Autrement dit celui qui trouve que sa 208 est devenue trop petite pour son usage familial, va choisir entre une 2008 et une 308… à motorisation égale (1,2l / 130cv) la 308 pèse 13 kg de plus et la surface frontale du 2008 est 1,7% plus grande…

Pareil pour le possesseur d’une Clio qui veut passer à plus spacieux. Il choisira entre une Captur ou une Mégane : à motorisation égale (1,3l / 130cv) la Mégane pèse 119 kg de plus…

Le seul facteur pouvant entraîner une très légère surconsommation des SUV est leur garde au sol. Les ingénieurs ont depuis longtemps installé des spoilers sous la calandre des berlines pour réduire le flux d’air sous le châssis, chose impossible avec un SUV. Mais cet avantage de la berline n’est réel que sur autoroute… et peut devenir gênant en usage urbain ou campagnard.

Si le SUV peut consommer un peu plus que le véhicule dont il partage la plateforme mécanique, ça n’est plus vrai par rapport au véhicule dont il est concurrent. Et puis essayer d’installer un siège bébé dans un SUV ou dans la berline équivalente, vous comprendrez ! Les SUV sont aussi très prisés par les gens qui doivent rentrer et sortir souvent de leur voiture.


Loin d’être une lubie exotique, l’adoption des SUV correspond à un besoin de confort et à une montée en gamme qui se fait naturellement avec le vieillissement de la population, son enrichissement et l’évolution de ses besoins et qui se faisait déjà avant l’arrivée des SUV sur le marché. Autrement dit, surtaxez les SUV et on assistera à l’abandon de ces véhicules familiaux, pour une montée en gamme spectaculaire sur des berlines bien plus joueuses !

Mais le WWF se garde bien de prendre en compte la réalité du marché. Dans son étude1 il compare sans rire une Opel Corsa, une Mercedes Classe A et… une BMW X5 ! Supposées représenter « l’exemple supérieur » de leurs catégories… On assimile les gros 4x4 aux SUV, alors qu’on sépare les autres véhicules en Citadines et berlines… Et j’en passe ! Ce document est un attrape-gogo, une insulte à toute forme d’objectivité ou d’honnêteté. L’article de Jacques Chevalier dans Le Point est de ce point de vue édifiant2...

Le dernier argument du WWF concerne la sécurité. Les SUV seraient plus accidentogènes que les berlines ! Surprenant quand on sait que le centre de gravité plus haut des SUV n’autorise pas une conduite aussi « sportive » qu’avec une berline. Le WWF s’appuie sur une étude américaine qui montre une mortalité supérieure des piétons qui se font renverser par un SUV… américain ! C’est probablement vrai pour les monstres à calandre verticale et surdimensionnée qui circulent outre-Atlantique… mais le transposer à nos VW T-cross, Ford Puma, Renaut Captur ou Peugeot 2008 est absurde… C’est d’autant plus de mauvaise foi que la même étude met cette surmortalité sur le compte du comportement des conducteurs… pas celui de la voiture !

Bien sûr les gros SUV polluent ! Les (encore plus) grosses berlines aussi ! Et c’est encore mieux de rouler à vélo quand on peut… défendons l’écologie et une consommation raisonnable, mais sans s’affranchir d’une analyse objective pour faire le buzz et retrouver une visibilité dans la presse !

Et si vous avez été assez stupide pour dégonfler les pneus de votre voisin qui s’est acheté le SUV dont vous avez envie, en prenant comme alibi une pseudo-écologie et les mensonges du WWF… allez vous excuser.


La voiture électrique.

A l’appui de sa démonstration, dans l’étude citée précédemment le WWF compare sans vergogne le bilan carbone d’un SUV (on ne sait pas lequel !) et celui d’une voiture électrique… ce qui est bien évidemment absurde, mais surtout encore une fois d’une mauvaise foi ahurissante !

- D’abord le bilan carbone d’une voiture électrique n’est vraiment intéressant que si l’électricité qu’elle utilise a été produite par une énergie décarbonée… ce qui est loin d’être le cas partout.

- Ensuite le bilan carbone d’un objet, n’est pas son bilan écologique. En France, où les énergies nouvelles ont bien du mal prospérer, le besoin supplémentaire d’électricité nécessaire à l’augmentation du parc de voitures électriques ne peut être absorbé que par le nucléaire… relativement décarbonée certes, mais pas vraiment écologique ! Il n’y a que Ségolène pour prétendre qu’on va tous rouler en voiture électrique et fermer des centrales nucléaires… Mais la vision de Ségolène…

Et puis on l’oublie souvent mais la conversion vapeur, la turbine, le générateur, les différents transformateurs et les lignes de transports ont tous un rendement inférieur à un. La batterie elle-même ne restituera qu’une partie de l’énergie qu’on lui fournit (<80 % neuve) et le moteur électrique ont un rendement … le tout cumulé, il faudra près de trois kW d’énergie nucléaire pour un kW d’énergie mécanique aux roues d’une voiture électrique…

- Et enfin, la production des batteries, par ses exigences en matériaux rares extraits le plus souvent dans des conditions inacceptables, est en elle-même une catastrophe écologique. Sans compter que pour avoir un minimum d’autonomie, il faut beaucoup de batteries et donc un surpoids considérable (entre 30 et 50%) donc une consommation d’énergie bien plus importante (celle due au surpoids que le WWF reproche – à tort – aux SUV, elle est bien réelle là, mais le WWF ne la considère plus…)

Alors, il n’est pas impossible que des modèles électriques de petite puissance soient un jour la solution à une circulation urbaine, demandant une faible autonomie et permettant ainsi de déconcentrer la pollution. Mais ne rêvons pas, la voiture électrique n’est pas la solution écologique à nos besoins de déplacement, son succès actuel est surtout dû à la nécessité des constructeurs de se conformer à la législation européenne, qui leur impose d’avoir des modèles non polluants dans leur gamme… Accessoirement, ça leur permet aussi d’afficher des modèles avec une puissance instantanée ébouriffante. Vous avez dit écologie ?


La voiture hybride (non rechargeable) et bien pensée en termes de transmission) peut être un mieux technologique. Avec peu de batteries, la possibilité de récupérer l’énergie à la décélération et de soulager le moteur thermique dans l’effort, elle permet l’utilisation de moteurs à haut rendement (cycle Atkinson) et permet une réelle économie de carburant… mais pas de miracle.


La fermeture des voies sur berges à Paris

Qui pouvait ne pas être séduit par la belle image donnée par une foule dilettante flânant sur les voies sur berges après leur fermeture. Derrière cette mesure écolo dont se gambergent Anne Hidalgo et ses acolytes écolos il y a une réalité bien différente !

Ceux qui ont consulté les chiffres d’AirParif quelque temps après l’entrée en vigueur de la mesure, ont probablement été surpris. Si la fermeture des voies sur berge entraînait bien une baisse de 25 % de la pollution sur l’axe concerné (un petit trait sur une carte de la capitale), les embouteillages qu’elle occasionnait entraînaient une augmentation de 5 à 15 % de la pollution sur le reste de la capitale et sur les zones d’approche (zones très populeuses aux abords des principaux axes autoroutiers desservant la capitale).

Mais AirParif est un organisme financé par l’Hôtel de Ville de Paris, et à l’approche des élections municipales l’organisme n’a pas modifié ses chiffres mais en a fait une présentation différente3… moins défavorable à la maire sortante ! Les mesures prises sur les voies sur berges étaient supposées représenter une zone étendue autour de l’axe, et a contrario, les mesures faites ailleurs dans Paris étaient supposées ne concerner que l’angle du carrefour où elles avaient été prises. Entre deux carrefours… Une zone blanche où « on ne sait pas » (il est bien connu que la pollution s’arrête à un mètre d’une borne de mesure !).

Bien sûr, l’opposition représentée par la Région Ile-de-France et sa présidente Valérie Pecresse, a commandé une contre-étude4 confiée au professeur Pierre Carli, directeur SAMU et président du Conseil National de l’Urgence Hospitalière qui a évidemment confirmé la forte sur-pollution sur une zone très étendue, liée à la fermeture des voies sur berges.


Cela ne pourrait être qu’une arnaque politique écolo si les conséquences n’étaient pas catastrophiques pour la population. Une étude intéressante de l’ORS5 montre qu’une baisse de la moitié de la pollution de l’air fait baisser des deux tiers la mortalité (autrement dit, à ce niveau moyen de pollution si on double la pollution on multiplie par 3 le nombre de décès pour cause respiratoire - hors covid !) ou encore qu’une hausse de 10 % entraîne une surmortalité de 20 %.

Si on en croit les chiffres de l’ARS, qui estime le nombre de mort du fait de la pollution à Paris à 2500/an… ça fait 500 morts supplémentaires, non compris les zones d’approche. Mais si on en croit les chiffres d’Anne Hidalgo qui – pour argumenter en faveur de sa décision ! - estimait le nombre de mort annuel à 6600, alors la fermeture des voies sur berges a causé plus de 1300 morts…

La fermeture des voies sur berges à Paris est la plus grande catastrophe écologique du siècle dans la capitale.

Et pourtant bien des gens la voient comme une avancée ! Méfions-nous de notre biais de confirmation, celui qui nous pousse à croire… ce qu’on a envie de croire. Méfions-nous des évidences. Apprenons à valider nos informations. Les chiffres existent souvent.


Si votre voisin se vante d’avoir dégonflé les pneus d’un SUV (et fait consommer inutilement l’énergie du regonflage), s’il a récemment acheté une voiture électrique et s’il a voté Hidalgo ou les verts aux dernières élections, il n’est pas plus écologiste que vous. C’est juste un gogo avec une étiquette verte.

 

1https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2020-10/20201005_Etude_L-impact-ecrasant-des-SUV-sur-le-climat_WWF-France.pdf

2https://www.lepoint.fr/automobile/l-automobile-au-tribunal-de-l-inquisition-ecologiste-13-10-2020-2396087_646.php?M_BT=4436584765#

Voire aussi l'étude de Reporterre sur la voiture électrique https://reporterre.net/Non-la-voiture-electrique-n-est-pas-ecologique

3 https://www.airparif.asso.fr/_pdf/publications/Rapport_voiessurberges_rapportfinal_101117.pdf

4https://www.challenges.fr/automobile/actu-auto/voies-sur-berges-la-pollution-a-augmente-de-moitié-depuis-la-fermeture_449101

5https://www.ors-idf.org/nos-travaux/publications/pollution-particulaire-et-mortalite-en-ile-de-france.html

 

 

 

 


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