Il y à un peu plus de deux ans, nous élisions un président
jeune, et surtout n’appartenant pas aux appareils politiques traditionnels. Ce
faisant nous mettions une grande claque à tous ces caciques en affichant
clairement notre manque de confiance en eux. Avec ce nouvel arrivant naissait l’espoir
de faire bouger les lignes, de se dégager de l’emprise de ce que Raymond Barre
appelait le « Microcosme politique », de ce modèle figé et impuissant
à faire évoluer la société.
Et puis, sont arrivées les erreurs, les déceptions, les
désillusions, et avec elles, les gilets jaunes…
Si la forme nous est spécifique, notre pays ne fait pas exception
dans la révolte des peuples contre leurs mafias politiques. Il y quelques temps
se déroulait le printemps arabe. Eux se révoltaient surtout contre des
dictatures plus ou moins déguisées en démocraties, mais cette même révolte s’étend
aujourd’hui à des nations comme la notre et contre un système social-démocrate
à bout de souffle, qui ne fait plus illusion.
On voit des populations se soulever contre l’« appareil »
au Chili, en Equateur, au Liban, à Hong Kong, et
avec moins de violence en Algérie. Mais aussi, et avec des motivations annexes,
en Egypte, au Soudan, en Haïti, en Catalogne, en Angleterre…
Dans ces populations déroutées, les « communicants »
et autres manipulateurs s’en donnent à cœur -joie et réussissent à porter au
pouvoir un Trump, pourtant connu comme un clown sans valeurs et sans éthique. Un type à l’égo délirant, dont les mensonges énormes et nombreux étaient pourtant
dénoncés en temps réel par les fake-checkers américains pendant la campagne, qui ridiculise
les Etats-Unis et sa fonction de président par une profusion de tweets indignes
d’une cour d’école, qui, en moins d’un mandat, a réduit considérablement l’influence
des Etats-Unis à l’international et a plongé l’économie de son pays dans une
courses aux effets à court terme, inquiétante et sans visibilité pour la suite.
Tout aussi manipulés, les Anglais ont plongé dans un Brexit
qui leur a été vendu à coup de mensonges et qui va leur coûter fort cher… jusqu’à
porter au pouvoir un Boris Johnson capable de défendre tout et son contraire du
moment que cela sert ses ambitions personnelles.
De ces histoires ressort une vérité criante, Le
suffrage universel – pourtant garant de notre système démocratique – ne met
pas les peuples à l’abri des délires égotiques de leurs gouvernants.
Pire ! Le désabusement, l’incompréhension peut inciter
ces mêmes populations à une sorte de suicide en confiant, de plein gré, leur
sort aux populistes. L’histoire à démontré qu’ils n’étaient pas la solution. Et
là aussi, le mensonge tient souvent lieu de programme. Devant la débandade
mondiale, un Poutine reste plébiscité en Russie (même si c’est moins que les chiffres
officiels), les populismes s’installent en Autriche, en Italie, en Hongrie, en
Pologne… Même en France une Marine LePen pourtant spectaculairement
inconsistante, gagne du terrain. En Angleterre, un Nigel Farage corrompu a
largement contribué à l’adoption du Brexit…
Le constat est sans appel : le système social-libéral n’a
pas réussi à créer une société équitable. Pire, son fonctionnement naturel
entraine le façon permanente et croissante, dès qu’il est en déséquilibre, une multiplication
des exclus et au-delà une insécurité dramatiquement ressentie par la majorité
de la population. Notre démocratie, un temps sacrée, tellement qu’on s’autorisait
à l’imposer par la force à d’autres nations, n’a pas satisfait aux exigences d’une
gouvernance profitable aux populations, malgré des résultats partiels intéressants.
Manipulée par des pouvoirs de toutes sortes[1]
et de tous bords, elle génère ses propres dysfonctionnements, repose sur une
administration pléthorique et improductive, et une structure hiérarchisée qui favorise la concurrence plutôt que la collaboration et qui crée ses propres classes de privilégiés (classe politique, régimes spéciaux,
détenteurs du pouvoir financier, etc…)
Faut-il voir dans ces révoltes disparates et désabusées, une
sorte de réveil, une prise de conscience de l’incapacité de nos système
politiques traditionnels à apporter ce pour quoi ils ont été conçus ?
Je le crois. Il est intéressant de voir que cette
désillusion coïncide à une réaction similaire pour ces autres piliers
traditionnelles de nos sociétés que sont les religions. Il y a quelques temps
des catholiques sud-américains se défaisaient de leurs certificats de baptême, écœurés
par le comportement de cette église supposée porter des valeurs morales. Malgré
leur agitation du moment, il y a de fortes chances que les cruautés et les
délires des psychopathes de l’extrémisme islamiste finisse à moyen terme à
décrédibiliser la religion musulmane (l’essentiel de leurs victimes sont des
musulmans !) et à mettre en évidence l’inadaptation de ces enseignements à
l’évolution de notre société…
Alors oui je pense que c’est la fin d’une époque, la fin d’un
mythe… une page est en train de se tourner. Et elle va se tourner de gré ou de
force parce que le contenu de la précédente est épuisé, qu’il n’y a plus de
matière pour écrire. Mais je m’étonne que si les analyses sont nombreuses sur l’échec
des systèmes mis en cause par ces manifestations, très peu se penchent sur ce
qui devrait être une nouvelle société.
Et maintenant, On fait quoi ?
[1] A voir,
l’excellente émission d’ARTE: https://www.youtube.com/watch?v=vLh6DozYRPc&fbclid=IwAR2HLVtFcJilllUr57NYF149Sl7j44l8Yg-qaq-XwT7CH-_a7swMFAOWWuc
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