mercredi 23 octobre 2019

Et maintenant… On fait quoi ?



Il y à un peu plus de deux ans, nous élisions un président jeune, et surtout n’appartenant pas aux appareils politiques traditionnels. Ce faisant nous mettions une grande claque à tous ces caciques en affichant clairement notre manque de confiance en eux. Avec ce nouvel arrivant naissait l’espoir de faire bouger les lignes, de se dégager de l’emprise de ce que Raymond Barre appelait le « Microcosme politique », de ce modèle figé et impuissant à faire évoluer la société.

Et puis, sont arrivées les erreurs, les déceptions, les désillusions, et avec elles, les gilets jaunes…

Si la forme nous est spécifique, notre pays ne fait pas exception dans la révolte des peuples contre leurs mafias politiques. Il y quelques temps se déroulait le printemps arabe. Eux se révoltaient surtout contre des dictatures plus ou moins déguisées en démocraties, mais cette même révolte s’étend aujourd’hui à des nations comme la notre et contre un système social-démocrate à bout de souffle, qui ne fait plus illusion.

On voit des populations se soulever contre l’« appareil » au Chili, en Equateur, au Liban, à Hong Kong, et avec moins de violence en Algérie. Mais aussi, et avec des motivations annexes, en Egypte, au Soudan, en Haïti, en Catalogne, en Angleterre…

Dans ces populations déroutées, les « communicants » et autres manipulateurs s’en donnent à cœur -joie et réussissent à porter au pouvoir un Trump, pourtant connu comme un clown sans valeurs et sans éthique. Un type à l’égo délirant, dont les mensonges énormes et nombreux étaient pourtant dénoncés en temps réel par les fake-checkers américains pendant la campagne, qui ridiculise les Etats-Unis et sa fonction de président par une profusion de tweets indignes d’une cour d’école, qui, en moins d’un mandat, a réduit considérablement l’influence des Etats-Unis à l’international et a plongé l’économie de son pays dans une courses aux effets à court terme, inquiétante et sans visibilité pour la suite.

Tout aussi manipulés, les Anglais ont plongé dans un Brexit qui leur a été vendu à coup de mensonges et qui va leur coûter fort cher… jusqu’à porter au pouvoir un Boris Johnson capable de défendre tout et son contraire du moment que cela sert ses ambitions personnelles.

De ces histoires ressort une vérité criante, Le suffrage universel – pourtant garant de notre système démocratique – ne met pas les peuples à l’abri des délires égotiques de leurs gouvernants.

Pire ! Le désabusement, l’incompréhension peut inciter ces mêmes populations à une sorte de suicide en confiant, de plein gré, leur sort aux populistes. L’histoire à démontré qu’ils n’étaient pas la solution. Et là aussi, le mensonge tient souvent lieu de programme. Devant la débandade mondiale, un Poutine reste plébiscité en Russie (même si c’est moins que les chiffres officiels), les populismes s’installent en Autriche, en Italie, en Hongrie, en Pologne… Même en France une Marine LePen pourtant spectaculairement inconsistante, gagne du terrain. En Angleterre, un Nigel Farage corrompu a largement contribué à l’adoption du Brexit…



Le constat est sans appel : le système social-libéral n’a pas réussi à créer une société équitable. Pire, son fonctionnement naturel entraine le façon permanente et croissante, dès qu’il est en déséquilibre, une multiplication des exclus et au-delà une insécurité dramatiquement ressentie par la majorité de la population. Notre démocratie, un temps sacrée, tellement qu’on s’autorisait à l’imposer par la force à d’autres nations, n’a pas satisfait aux exigences d’une gouvernance profitable aux populations, malgré des résultats partiels intéressants. Manipulée par des pouvoirs de toutes sortes[1] et de tous bords, elle génère ses propres dysfonctionnements, repose sur une administration pléthorique et improductive, et une structure hiérarchisée qui favorise la concurrence plutôt que la collaboration et qui crée ses propres classes de privilégiés (classe politique, régimes spéciaux, détenteurs du pouvoir financier, etc…)



Faut-il voir dans ces révoltes disparates et désabusées, une sorte de réveil, une prise de conscience de l’incapacité de nos système politiques traditionnels à apporter ce pour quoi ils ont été conçus ?

Je le crois. Il est intéressant de voir que cette désillusion coïncide à une réaction similaire pour ces autres piliers traditionnelles de nos sociétés que sont les religions. Il y a quelques temps des catholiques sud-américains se défaisaient de leurs certificats de baptême, écœurés par le comportement de cette église supposée porter des valeurs morales. Malgré leur agitation du moment, il y a de fortes chances que les cruautés et les délires des psychopathes de l’extrémisme islamiste finisse à moyen terme à décrédibiliser la religion musulmane (l’essentiel de leurs victimes sont des musulmans !) et à mettre en évidence l’inadaptation de ces enseignements à l’évolution de notre société…



Alors oui je pense que c’est la fin d’une époque, la fin d’un mythe… une page est en train de se tourner. Et elle va se tourner de gré ou de force parce que le contenu de la précédente est épuisé, qu’il n’y a plus de matière pour écrire. Mais je m’étonne que si les analyses sont nombreuses sur l’échec des systèmes mis en cause par ces manifestations, très peu se penchent sur ce qui devrait être une nouvelle société.



Et maintenant, On fait quoi ?












[1] A voir, l’excellente émission d’ARTE: https://www.youtube.com/watch?v=vLh6DozYRPc&fbclid=IwAR2HLVtFcJilllUr57NYF149Sl7j44l8Yg-qaq-XwT7CH-_a7swMFAOWWuc

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