On peut penser du bien ou du mal de notre président, qui
garde ses afficionados, tout en cristallisant certaines haines sur son nom. Pour ma part j’attendrai la fin de son
mandat, et en particulier la fin de la réforme qui va se jouer cette année pour
tirer un bilan.
Mais force est de reconnaitre que ce président fait face à
une nécessité urgente de réformer notre structure sociale et à des aberrations
multiples de cette structure créées par des gouvernements véreux, incompétents,
ou faibles.
Le RSI
Le RSI était le premier symbole de ces dérives. Il n’avait
pour fonction que de soustraire les cotisations de travailleurs non-salariés,
de la solidarité nationale au profit d’organismes financiers. Pendant des
années d’une existence à la légitimité douteuse, il a tenu lieu, avec des
pratiques condamnables, de sécurité sociale, et provoqué de nombreuses
faillites d’entreprises[1].
En tenant cette promesse de campagne E. Macron a pris une
mesure favorable au développement de l’économie, allant vers plus de justice
sociale, et au dépend de la finance… Personne ne conteste aujourd’hui le
bienfondé de cette mesure.
Les caisses de retraites
Au fil du temps se sont créées des caisses de retraite pour
permettre aux plus aisés ou à d’autres bénéficiant de financement d’état, de se
soustraire à la solidarité nationale. D’autres ont été créés au profit de la
grande finance (comme le RSI !) … Même causalité, même mesure, même
résultat : que penser d’un organisme fortement contesté et contestable
comme la Cipav, qui - aux dires de la Cour des Comptes – est en litige avec
plus de la moitié de ses abonnés !
Dans la pratique, il est acceptable que des corporations
particulières s’offre des caisses « complémentaires » de retraite.
Mais il n’y a jamais eu aucune raison légitime pour qu’un catégorie sociale se
soustraie à la solidarité nationale et donc au régime commun. Et même si les
modes de calculs peuvent être adaptés aux types de revenus (salaires,
honoraires, droits , etc…) chacun doit pouvoir cotiser à proportion de ses
revenus, sur une durée égale pour tous (et si cette durée est adaptée pour
cause de pénibilité du travail elle doit être adaptée de la même façon suivant
les mêmes critères pour tous) . Et c’est bien là que trichent les statuts spéciaux.
Les statuts spéciaux.
On entend à profusion à travers les médias, les plaintes des
bénéficiaires des régimes spéciaux qui, craignant de les voir disparaitre, nous
expliquent que certains d’entre eux ont des conditions de travail pénibles (ce
qui est souvent vrai), et qu’il est normal de prendre en compte cette
pénibilité dans leur rémunération ou le calcul de leur retraite (ce qui est
légitime). Et d’enchainer, comme s’il y avait une évidence, qu’il leur fallait
donc un statut spécial. C’est là qu’il y a mensonge !
En prenant en compte la pénibilité du travail par des
mesures générales du droit du travail, on fait en sorte que tous ceux qui sont
exposés à un type de pénibilité donné (travail de nuit par exemple) bénéficient
des mêmes droits. C’est juste et démocratique.
En passant par un statut spécial, la pénibilité reconnue à l’intérieur
d’une corporation est prise en charge par le reste de la société (consommateurs,
clients ou contribuables), y compris ceux qui ont des conditions de travail
aussi, voire plus difficiles que les bénéficiaires de ce statut et qui ne
bénéficient eux, d’aucun statut spécial… Cette différence de traitement constitue
alors clairement une injustice et un privilège (défini par l’Académie Française
comme un : Droit ou avantage octroyé par exception à la règle générale).
Dans le système des statuts spéciaux, les compensations sont
des privilèges parce qu’elles ne sont plus proportionnelles à la pénibilité,
mais au pouvoir de blocage de la corporation concernée et impliquent une prise
en compte inégalitaire de cette pénibilité.
Ces statuts spéciaux ne sont non seulement jamais nécessaires
pour prendre en compte la pénibilité du travail mais c’est surtout un très
mauvais moyen, anti-démocratique et injuste, de le faire.
Outre cet aspect inégalitaire, les statuts spéciaux ont une
autre facette, plus discrète, bien moins revendiquée, mais tout aussi peu
reluisante. La séparation d’un groupe du droit commun, et donc du jugement général
et des critères d’égalités entre les citoyens ouvrent la porte à tous les abus.
Souvenez vous du scandale de la gestion du CE d’EdF par la
CGC par exemple[2].
Le statut spécial, permet en outre, en toute opacité, de
généraliser les avantages obtenus à toute une corporation indépendamment du mérite
ou de la pénibilité invoquée initialement. Savez-vous par exemple que les
parents (ascendants ou descendants) d’un employé de bureau de la SNCF bénéficient
de billets gratuits… ce qui se traduit par le fait qu’un type qui n’a jamais vu
un train autrement que comme voyageur, mais qui se trouve être le grand père d’un
employé de bureau qui ne sais pas à quoi ressemble son bureau après 16h30,
bénéficie de billets gratuits payés par les impôts et les achats de billets de
gens comme des infirmières qui ne bénéficient pas de ces privilèges et dont les
horaires de travail, les contraintes, les responsabilités et les qualifications
sont largement aussi considérables que celles d’un cheminot…
Si les employés de la SNCF avaient un jour choisi de bloquer
le pays pour que TOUS les gens connaissant la même pénibilité au travail qu’eux
avaient pu bénéficier de compensations… ils auraient fait œuvre sociale, les
syndicats auraient été dans leur rôle, et auraient obtenu le soutien du public
(et il y aurait certainement plus de 8% de syndiqués en France !).
Mais au lieu de ça les syndicats ont profité du pouvoir de
blocage de certaines corporations pour assoir leur pouvoir, et les membres de
ces corporations ont engrangé des privilèges sans se soucier de la condition de
ceux qui allaient devoir payer pour ça.
Mais de ce point de vue les statuts spéciaux du personnel de
l’EdF, de la SNCF, de la RATP, sont des injustices sociales au même titre que
les ceux des députés (par ailleurs condamnés par ces mêmes syndicats) ou ceux
des employés de banques, tel que les dénonçait en 1984, François de Closets[3]
dans un livre toujours d’actualité.
Force est de constater que les choses n’ont guère évolué.
Toujours plus et moi d’abord ne constitue pas une devise humaniste et
prometteuse…
Une chose est certaine, pour redevenir une démocratie digne
de ce nom, la France a du travail. Et ce travail passe par l’abolition des
privilèges à commencer par les statuts spéciaux.
[1] Voir le
livre d’Eloïse Benhamou : « Kleptocratie Français »e. ISBN-13: 978-2369990468
Ou celui de Charles : « Le RSI ou la tour de
Babel »… ASIN: B00I42CRB6, édifiant !
[2] https://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-nouailhac/nouailhac-la-cgt-d-edf-lourdement-condamnee-21-10-2014-1874245_2428.php
[3] François
de Closet : « Toujours plus » ISBN-13: 978-2253032861
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