Un deuxième tour Macron-Mélenchon… ça vous paraît improbable
? Je ne joue pas à Madame Irma, mais certaines réalités bien concrètes donnent
à réfléchir…
La bascule des favoris et des stratégies
Au
début, C'est Marine Le Pen qui était favorite, et ça arrangeait bien les autres,
les "gros" candidats, ceux qui pensent avoir une chance d'être élus.
Comme aucun d'entre eux n'est enthousiasmant et n'est susceptible de réunir sur
son nom ne serait-ce qu'un quart des voix, ils espéraient tous que, face à des
rivaux aussi impopulaires qu'eux, leur petit électorat serait suffisant pour
être au second tour face à elle, et que le "sursaut républicain" les
porterait vaille que vaille au pouvoir. L'ennemi n'était donc pas la favorite,
mais le potentiel second. C'était l'époque du "tous contre Macron",
celle du premier débat à 5.
Seulement voilà, les
attaques (parfois pertinente mais souvent sordides) contre Emmanuel Macron par des adversaires
peu crédibles, n'ont pas porté. Son programme est parfois discutable et sent un
peu l'improvisation mais il est brillant (et l'a encore démontré hier soir),
charismatique et le flot de ralliement qu'il récupère montre, à défaut d'une
vraie majorité, qu'il est jugé (le plus) crédible par ses pairs.
En même temps, Marine Le Pen, donnée à plus de 30% il y a
quelques mois, perd du terrain. Son programme est inconsistant (voir mon post
du 29 mars dernier), elle se montre peu performante dans les débats et les interviews, son argumentation
se réduit souvent à hausser le ton, ironiser ou affirmer avec arrogance, ce qui
plait à son noyau dur (majoritairement composé des classes les moins éduquées
de la population) mais peine à séduire au-delà. Et surtout les "affaires"
montrent un parti magouilleur, loin de l'alternative "mains propres"
pour laquelle il a voulu se faire passer.
Du coup progressivement la hiérarchie s'inverse. Les
différents candidats n'ayant pas pu contenir Emmanuel Macron, doivent
maintenant attaquer Marine Le Pen s'ils veulent espérer une place au soleil (au
second tour). Et le "tous contre Macron" du premier débat, est devenu
le "tous contre Le Pen" au deuxième débat. Dans un même temps, la
justice – objective et au dessus de tous soupçons ? – accélère les procédures
contre le FN et en redécouvre d'autres (voir mon post du 27 mars dernier sur la
manipulation). Il y a peu de chance que ce mouvement s'inverse…
Pendant ce temps Mélenchon grappille. Il n'a pas de
concurrent sérieux à gauche. Benoit Hamon en délicatesse avec la majorité de
son parti perd en crédibilité à mesure que les sondages entérinent son échec. Comme
Jean Luc Mélenchon refrène son côté "grande gueule qui veut faire le buzz
par son agressivité", il gagne en crédibilité. La déconsidération de nos
hommes politiques rejaillissant sur la 5ème république, sont projet
de 6ème peut paraître à certains plus porteur d'espoirs que les
solutions éculées de ses concurrents.
Fillon a su se maintenir à flot malgré les
"affaires", mais son argumentation est épuisée, il n'a plus de marge
de progression.
Autrement dit, une évolution probable à attendre dans ces
prochaines semaines est de voir Mélenchon et Le Pen se rapprocher des 20%, l'un
en montant, l'autre en descendant. Jusqu'à se croiser ?
Le poids des indécis
Cela contredit les prédictions de Serge GALAM (chercheur au
CNRS,) qui voit la victoire possible de Marine Le Pen, mais sa théorie
mathématique est intéressante dans la mesure où elle différentie les intentions
de votes fermes et les "hésitantes" particulièrement nombreuses dans
ce contexte-ci. Il est vrai que c'est Marine Le Pen qui a le plus gros noyau
dur et le plus d'intentions fermes, mais ce noyau seul ne suffit pas à lui
assurer une présence au deuxième tour.
N'oublions pas qu'il y a des moyens bien plus discrets et
plus subtils de manipuler une élection que d'utiliser une justice peu
sourcilleuse à des fins partisanes, que plus il y a d'indécis plus ces méthodes sont efficaces. Et que c'est dans les quelques jours qui
précèdent une élection que certaines de ces méthodes sont les plus puissantes. Alors soyez observateurs. si vous voulez en savoir plus sur le sujet, il y a toujours mon livre "2017, l'illusion démocratique" présenté à côté...
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