jeudi 13 septembre 2018

Racisme et antiracisme…




Il y a quelques temps j'ai reposté sur les réseaux sociaux le témoignage d'une jeune présentatrice météo de la télévision belge – Cécile Djunga, qui se plaignait des commentaires racistes qu'elle recevait régulièrement de téléspectateurs[1]. Une femme se serait plainte qu'elle distinguait mal les traits de la jeune femme du fait de sa couleur de peau…



Il y a, par rapport à ce témoignage, un autre exemple récent qui apporte à mon sens une réponse significative. En 2017, c'est Alicia Aylies, Miss Guyane, qui a été élue Miss France. Là encore, suite à cette mise en avant, elle a reçu quelques centaines de messages injurieux au racisme débridé[2].

L'ironie de ces débordements est que la plupart de ces messages (ou tout au moins ceux qui ont été rendus publics) revendiquaient une forme de "nationalisme" poisseux, tout en témoignant d'une méconnaissance étonnante, tant de la langue française que de l'histoire de France et de la notion de citoyenneté… et finalement sont bien plus révélateurs des limites de leurs auteurs que de celles – éventuelles ou supposées – de leur cible…

Mais la vraie leçon de cette élection, dont je n'ai vu que le résumé dans le journal télévisé, est ailleurs. Sur cinq finalistes, que le suffrage de gens désireux d'élire la plus belle fille de France avait portées en finale, quatre étaient de celles qu'on désigne parfois comme "de couleur". Alors qu'une minorité inculte mais visible créait le scandale sur les réseaux, la grosse majorité de la population (qui en d'autres temps avait porté aux nues une blonde nordiste) n'y avait vu que de la beauté, et n'avaient pas éprouvé le besoin de twitter à quel point leur choix était normal...



Plus récemment encore, pendant la coupe du monde de football, des posts qui se voulaient humoristiques soulignaient les pays d'origine des joueurs de l'équipe de France, dont les parents venaient d'ailleurs. L'idée de départ n'était pas agressive, c'était plutôt celle d'une communauté issue de l'immigration désireuse de revendiquer ce succès en devenir.

Mais par rapport à ces jeunes nés en France et s'affichant fiers de porter ce maillot bleu… c'était aussi une façon peu délicate de leur dénier leur nationalité… ça n'a d'ailleurs pas échappé à certains populistes Français et étrangers[3] qui ont repris ce thème avec tout le mépris dont ils ont l'habitude. Petit rappel que la lutte contre le racisme ne peut pas se faire en opposant une catégorie à une autre…  

Reste que les millions de de fans, ceux qui étaient sur les Champs-Elysées, ceux qui partout en France ont applaudi aux exploits sportifs de ces jeunes gens, et ceux encore qui sont venus les ovationner au stade de France étaient à l'image de la population française enthousiaste et bigarrée. Et même si la foule était majoritairement blanche, elle applaudissait et manifestait son bonheur, indifférente à la couleur de peau des héros du jour. On n'imagine pas au milieu de cette ola, une banderole du type : "Bravo à Giroud, Griezmann, Pavard, et pas à certains autres..." !

Là encore, la foule anonyme est  bien plus naturelle et saine dans son comportement que les récurrents tordus de services trop visibles.



Alors Mademoiselle Djunga, il vous a paru nécessaire de dénoncer la bêtise crasse et l'agressivité de certains individus. Et vous avez eu raison. Mais ne vous laissez pas atteindre par ces manifestations d'inculture et de peur irraisonnée. Tout le monde n'a pas eu la chance de voyager, de lire de rencontrer. Ces petits esprits n'expriment que leurs propres souffrances. Ne la faites pas vôtre.

Pensez à ces milliers de gens qui chaque soir vous trouvent jolie et souriante, et n'éprouvent pas le besoin de téléphoner à la chaine pour laquelle vous travaillez pour le dire. Ou mieux encore. A ces millions de gens qui chaque soir vous écoutent pour savoir quel temps il fait, en se préoccupant plus de la clarté du ciel ou de vos explications que de celle de votre peau. Ce sont eux qui détiennent les clés de l'antiracisme. Ceux pour qui la couleur de peau ne doit pas être un combat et que bien entendu… on n'entend pas.




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