La
Guadeloupe est en crise, barrages, émeutes, incendies, tirs d’armes
à feu. C’est un phénomène qui peut sembler récurrent, difficile
à comprendre de l’extérieur, et aux racines complexes. J’y vis
depuis bientôt 35 ans, et je vais m’efforcer de fournir ici
quelques clefs de compréhension.
Le
refus de l’« obligation » vaccinale
Comme
partout dans le monde, l’arrivée rapide d’un vaccin présenté
comme issu d’une technologie nouvelle a généré quelques
inquiétudes bien compréhensibles… En Guadeloupe plus qu’ailleurs,
dès le départ. De plus, maintenant qu’il est établi que le
vaccin est efficace et que les vaccinés sont 8 à 9 fois moins
contagieux et moins sujet à des formes graves, la méfiance s’apaise
progressivement ailleurs, pas en Guadeloupe.
Et
pourtant, de nombreuses familles sont touchées, les chiffres sont
catastrophiques (jusqu’à 100 % de non vaccinés hospitalisés
au début de l’automne), il y a des containers réfrigérés près
des hôpitaux pour suppléer aux insuffisances de la morgue… mais
rien n’y fait.
Dans
cette population où, les réactions sont souvent passionnelles, il
ne faut pourtant pas s’étonner d’une telle réaction.
-
D’abord on se méfie de ce qui vient de l’extérieur. On ne se
sent pas respecté par les autres populations, alors les rapports
sont souvent empreints de suspicion. Avec cela, différentes
croyances en des forces cachées sont encore très vivaces et cette
combinaison des deux constitue un terrain idéal pour toutes les
théories du complot, y compris les plus invraisemblables ! Et dans ce cas, la présentation d’arguments rationnels ne convainc pas, elle ne fait souvent qu’accentuer le déni.
-
Ensuite le rapport à l’autorité est toujours compliqué ici. Plus
que l’esclavage, les séquelles de la colonisation et la crainte du
racisme font qu’elle est souvent mal vécue, délicate à exercer…
Alors plus que la vaccination en elle-même, c’est l’« obligation »
qui est impopulaire. On présente alors le gouvernement comme
« colonial » et on choisit son camp en fonction de ce
critère, quoi que dise la raison. Et plus qu’ailleurs encore,
l’orgueil interdit tout retour en arrière, même devant
l’évidence. Beaucoup de situations deviennent ainsi des impasses.
- Le
scandale du Chlordécone renforce cette méfiance et est souvent
employé pour la justifier. Mais c’est un argument à double
tranchant :
En
1990, sous la pression d’un lobby antillais (planteurs de bananes), l’État a accordé une dérogation pour prolonger l’usage du
chlordécone (démontré internationalement nocif) aux Antilles.
Aujourd’hui, on lui reproche (à juste titre !) un manquement
à son devoir de protection de la population.
Si aujourd’hui, à la demande d’un quelconque groupe de pression
antillais, l’État en vient à accorder une dérogation sur la
vaccination (alors que la non-vaccination est reconnue
internationalement comme létale), l’Etat prend le risque de se
voir reprocher à nouveau un manquement à son devoir de protection de la population.
Un
dernier point mérite d’être soulevé. Si on raisonne au singulier
et qu’on considère que le vaccin n’est qu’une protection
personnelle, alors l’obligation vaccinale est évidemment un
non-sens et inacceptable. Si on pense collectivement et donc que le
vaccin est d’abord une façon de protéger son entourage (en
diminuant la probabilité d’être un vecteur de contamination) et
de participer à l’immunité collective, alors le vaccin est une
évidence.
Or en Guadeloupe on pense peu collectif. Le discours
face au vaccin le démontre, mais pas seulement. En sport, si la
Guadeloupe a donné à la France un nombre impressionnant
(même disproportionné) de grands footballeurs, la Guadeloupe en tant
qu’équipe, est régulièrement éliminée aux premiers tours des
compétitions nationales. C’est vrai aussi en cyclisme, où
l’équipe de Guadeloupe se fait régulièrement dominer sur son
terrain (Tour de Guadeloupe) par des équipes de seconde zone… Dans
la vie courante, les Guadeloupéens sont souvent des gens très
propres chez eux, mais le domaine public (collectif) est constellé de décharges
sauvages et les canettes en tous genres s’accumulent sur les bords
de routes… Enfin, en politique, des hommes corrompus sont
systématiquement élus (et réélus) – j’y reviendrai - dans
l’espoir d’obtenir un petit job, une petite faveur… Et tant
pis si c’est l’argent public qui finance ces cadeaux et que la
plupart des communes sont en faillite ! Ce sont les pays qui ont
la plus forte conscience collective (Israël, Danemark…) qui ont
été les premiers vaccinés.
La
vie chère !
C’est
un fait incontestable, et ceux qui ont séjourné en Guadeloupe le
savent, le coût de la vie y est élevé (12,5 % en 2016 d’après
l’INSEE, mais c’est un peu comme le froid, le ressenti est bien
pire ! D'autant que l'alimentation - produit de première nécessité s'il en est - souffre d'un surcoût de 34 à 38% !). Les fonctionnaires qui touchent un sursalaire de 40 %
s’en tirent bien, mais pour les autres, ceux du privé, dont les
revenus sont souvent inférieurs à ceux de la métropole, c’est
lourd à porter.
C’était
la revendication principale du LKP lors des mouvements de grève de
2009 qui ont bloqué l’île pendant 2 mois. Mais cette crise n’a
rien changé fondamentalement, et les analyses qu’on entend dans
les médias laissent dubitatif !
Tout
d’abord délégitimons deux fausses raisons souvent invoquées :
-
C’est l’octroi de mer (taxe locale) qui rend tout plus cher.
Faux. L’octroi de mer vient en remplacement de taxes nationales. Au
lieu d’avoir 20 % de taxes d’état, Aux Antilles on a
environ 10 % de taxe nationales + 10 % de taxes locales.
L’octroi de mer n’engendre donc pas de surcoût significatif.
-
L’éloignement des centres de production entraîne des frais de
transport importants. Souvent faux. Ça ne coûte pas plus cher
d’expédier une automobile ou un container d’ordinateurs du Japon
ou de Corée, en Guadeloupe qu’en France métropolitaine. Pour les
ingrédients ramenés en container de métropole, ce qui coûte cher
c’est la containérisation et le dépotage, et ils sont comparables
pour un trajet Strasbourg Paris ou Strasbourg Pointe-à-Pitre. Quant
à la distance parcourue en cargo, elle coûte peu. Ramené à un
paquet de biscuit au
milieu d’un container, ce surcoût lié
au parcours maritime et inférieur au centime d’euro !
- Ce
qui explique le coût élevé des marchandises aux Antilles, ce sont
les monopoles. Les familles des anciens colons (ceux qu’on appelle
les békés en Martinique) possèdent la plupart des sociétés
d’import-export, les grossistes et les chaînes de supermarchés.
Alors ils pratiquent les prix qu’ils veulent, et les autres
s’alignent. Quand Leclerc a cru flairer la bonne opportunité an
Martinique, en observant qu’il était facile de casser les prix. Il
s’est installé un an, puis a été prié de partir. Pas question
de casser le marché. Les békés ont un monopole féroce de certains
secteurs, comme l’agroalimentaire ou l’automobile.
La
forte prise de participation du groupe Hayot dans le groupe Promodes
(Carrefour) fait qu’il est un des rares franchisés à pouvoir se
permettre de masquer les prix Carrefour (normalement imposés pour
tous les magasins) par une étiquette au tarif supérieur.
Un
exemple me paraît très représentatif de ces anomalies. Au début
des années 90, acheter un ordinateur en Guadeloupe coûtait deux
fois plus chers (200 %!) qu'en métropole. Dans ce secteur pas encore « réservé »
un trouble-fête métropolitain est venu s’installer (PC Leader),
offrant des ordinateurs à 120 % du prix métropole. Dans le
mois tous les revendeurs locaux se sont alignés et continuent à
vendre (aujourd’hui à peine plus cher qu’en métropole) en étant
largement bénéficiaires. C’est dire les marges ahurissantes
qu’ils se faisaient avant.
-
Une autre cause des prix élevés, est la curieuse gestion des
ressources et l’absence d’autonomie de l’île, notamment dans
le domaine agroalimentaire, mais là encore l’influence des
importateurs n’est pas un mythe. Et puis l’agriculture repose
essentiellement sur la canne et la banane, produits d’exportation
qui appauvrissent la Guadeloupe. Quand un planteur touche 3 euros
pour ses bananes, il y a en fait 1 euro de vente réelle et
2 euros de subventions d’état, qui pourraient être utilisés
utilement à autre chose qu’à faire survivre des plantations non
concurrentielles. Parallèlement on importe tous les ans en
Guadeloupe 10 000 tonnes d’agrumes… Cherchez l’erreur.
Le
manque d’eau au robinet...
Là
aussi c’est une réalité ! Le réseau d’eau est vétuste,
perd un tiers de sa production dans les fuites, comprend encore des
tuyaux en fibrociment, date des débuts de la départementalisation.
Certaines zones ne sont desservies que par intermittence. Les
piquages ont été bricolés au lieu d’être réparés après les
cyclones. Non seulement la distribution est défaillante mais il est
difficile d’avoir confiance dans la qualité de l’eau. D’où la
consommation importante de bouteilles d’eau, vendues trois fois
plus chères qu’en métropole.
Tout
le monde le constate, et les responsables sont connus. Les réseaux
d’eau ont depuis longtemps été gérés par des « syndics »,
Siaeg et autres. Ces entités sont créées par les communes et sous
la responsabilité des élus locaux eux-mêmes élus par les
Guadeloupéens. De nombreux scandales trop vite étouffés ont montré
que la plupart des communes (plutôt mieux dotées qu’en métropole)
ne finançaient pas ces syndics à hauteur des engagements et des
besoins et que le peu d’argent que ceux-ci recevaient servait à
financer des voyages ou des appartements aux cadres et aux élus qui
les avaient nommés.
L’exploitation
de ces réseaux d’eau est confiée à des « fermiers »
(Générale des Eaux, etc.) qui encaissent les paiements des usagers
mais n’ont en charge que les réparations… Le financement du
développement et de l’entretien préventif est parti dans les
poches des politiciens locaux.
On
touche là une des principales causes des difficultés de la
Guadeloupe. Depuis des décennies, les Guadeloupéens votent pour des
maires corrompus, et connus comme tels (parfois déjà condamnés!),
parce qu’ils en espèrent un avantage personnel, au mieux un emploi
dans la fonction publique (très bien rémunéré!). Le résultat est
que les communes de Guadeloupe ont en moyenne trois fois plus
d’employés communaux par habitant qu’en métropole (et bien
payés, ce sont des amis…). Alors que les communes sont mal
entretenues, il n’y a que des chefs ! Les deux tiers du budget
communal passent dans la masse salariale et 30 communes sur 33
devraient être déclarées en faillite. Mais quand on vote pour un
maire corrompu dans l’espoir de tirer profit de l’argent public à
titre personnel, il ne faut pas s’attendre à ce que le reste du
budget soit géré au bénéfice de la collectivité et que le maire
ne se serve pas aussi pour lui !
Mais
détourner de l’argent public (lajen léta) n’est pas ici
considéré comme immoral… On s’en vante même, c’est une
preuve de ruse et de bonnes relations !
Dans
le scandale de l’eau, ce sont bien les électeurs guadeloupéens
qui ont élu leurs édiles à qui ils ont confié la nomination des
responsables de la gestion de l’eau qui ont mis le système en
faillite. Ce sont bien les électeurs guadeloupéens qui ont créé
cette situation et qui détiennent les clefs du changement… C’est
même le principe de la démocratie, et la raison d’être du droit
de vote.
Contrairement
au discours à œillères de certains,
ça n’est pas « l’État colonial » qui porte la
responsabilité des décisions des électeurs guadeloupéens. Si l’État à failli, c’est de fermer les yeux trop longtemps sur
ces pratiques. Mais les Guadeloupéens n’aiment pas non plus que
« la justice coloniale » condamne leurs élus…
Le
malaise de la jeunesse…
Le
malaise évoqué par certain et lui aussi palpable. Près de la
moitié d’entre eux s’en va faire leurs études ailleurs, et
beaucoup ne reviennent pas. Une fois qu’ils se sont fait un cercle
d’amis là-bas, ils ont moins envie de venir affronter les
difficultés de l’emploi en Guadeloupe.
Il
est certain que l’insularité est une particularité souvent
handicapante. Les perspectives d’évolutions sont limitées, la
Guadeloupe faible exportatrice et grande importatrice ne produit
qu’une partie de sa consommation. Certains métiers n’existent
pas ou si peu qu’ils restent précaires. Beaucoup d’entreprises
sont dépendantes de marchés publics, ou au mieux d’un marché
réduit et fermé…
En
conséquence, les postes sont rares, donc chers, et comme partout, il
est bon d’avoir des appuis, pour chaque poste qui s’ouvre il y a
des dizaines de candidats, et certains ont des appuis sérieux. Celui
qui n’en a pas n’a aucune chance, quels que soient ses atouts par
ailleurs.
Pire
l’institution des 40 % (sursalaires des fonctionnaires) a
totalement faussé la donne. En Guadeloupe tu es fonctionnaire, tu
gagnes bien ta vie, tu as la sécurité de l’emploi et les horaires
réduits. Si tu travailles dans le privé, tu es payé au
lance-pierre pour un emploi souvent précaire, qui dépend de
l’humeur du patron. Pas étonnant que dans un tel contexte,
l’« ambition » d’un jeune, c’est d’être
fonctionnaire, pas de contribuer au développement économique
de son pays. Mais là aussi les postes sont chers et le mérite
d’un candidat ne pèse pas lourd.
Le résultat est une administration pléthorique, où les compétences
ne sont jamais prises en compte et où tout le monde doit quelque
chose à quelqu’un.
La
création d’entreprise n’est pas non plus le recours qu’elle
pourrait être. Ça peut marcher pour une entreprise grand public,
comme les restaurant, mais si une entreprise marche bien et qu’elle
est sur un marché spécifique, il est fréquent qu’un concurrent
s’installe avec des appuis plus solides et coule celui qui a créé
l’activité soit grâce à ses relations soit avec des pots-de-vin.
Ce
système hyper clientéliste laisse peu de place à une jeunesse qui
n’a pas de réseau familial. C’est à la fois un plafonnement de
la compétence et donc de la qualité des services et surtout une
machine à créer des exclus.
Le
problème est que le gouvernement appelé à la rescousse à peu de
moyens d’intervention dans ce domaine, à part peut-être un peu
plus de vigilance dans l’embauche dans la fonction publique
nationale… Le malaise est bien local ! Cette mainmise sur
l’embauche est un élément de pouvoir des élus locaux… Ils
n’ont aucune envie que les choses s’améliorent…
Une
autre voie de progrès pourrait être le développement de secteurs
d’activités faciles à exporter (comme l’informatique, les
huiles essentielles…) ou de développer les pôles touristiques.
Mais là encore les politiques qui devraient être les moteurs de ce
genre de projets, sont pour la plupart issus de la fonction publique
et n’ont jamais créé un emploi productif ou pris un risque
entrepreneurial de leur vie…
Les
idées passent parfois germent… rien ne se fait.
La
commune où j’habite est tout à fait représentative de cette
situation. Il y a 7 500 habitants et plus de 300 employés
municipaux (pour une moyenne de 100 pour 10000 habitants en
métropole…) et on continue d’embaucher.
Beaucoup ne travaillent que quelques heures par semaine,
et la commune manque visiblement d’entretien. Le maire habite une
autre commune ne vient parfois qu’une demi-journée par semaine. La
commune dispose de nombreux atouts : ruralité, centre de
plongée réputé, emplacement idéal pour le nautisme itinérant,
possibilités de randonnées, nombreux couchages sous forme de gîtes,
communications routières, etc. Le maire actuel s’est fait élire
en 2014 et 2020 avec un projet de « Station
Nautique » ; idée qu’il a piqué à un de ses
adversaires en cours de campagne, et pour laquelle il a fait voter de
nombreux budgets… aujourd’hui consommés en frais divers. À ce
jour rien n’a été fait, et la ville végète toujours sans
perspective pour ses jeunes.
Le
potentiel est là. Mais la seule façon de le faire évoluer c’est
d’arrêter d’élire des politiciens aussi incompétents que
corrompus. Les clefs sont bien dans les mains des Antillais.
Et
puis, constituer des entités économiques qui amèneront la Guadeloupe à une économie plus équilibrée…
commence par ne pas saboter le tissu économique tous les 10 ans !
Une
réalité syndicale spécifique…
Il y
a plusieurs syndicats représentés en Guadeloupe, mais celui qui
fait le plus parler de lui et est à l’origine des mouvements du
LKP en 2009 ou des barrages d’aujourd’hui, c’est l’UGTG.
Ce
syndicat se distingue de l’idée qu’on se fait d’un tel organe
à bien des égards.
-
D’abord parce qu’il est coutumier d’agissements violents
-
Ensuite parce que l’idéologie affichée est contradictoire. Ce
syndicat affiche des opinions clairement indépendantistes, mais en
même temps la plupart de ses revendications portent sur plus de
subventions et de financement d’état, plus d’embauche d’état,
plus d’intervention d’état sur des problématiques purement
locales…
- Et
puis parce que ces exigences de résultats auprès de l’état n’en
font pas une force de proposition et jamais un élément constructif.
En 2009, le LKP disait vouloir lutter contre la vie chère. Mais les
causes réelles (et locales) de cette cherté n’ont jamais été
abordées. Au bilan de ce mouvement une prime de 200 €
provisoire, et bien vite avalée par la non-augmentation des
salaires, et une liste de 100 produits – dits de première
nécessité – aux prix encadrés provisoirement. Ironie qui en dit
long : cette liste a été établie par les békés eux-mêmes !
Elle comprenait le Tilleul menthe…
Mais rien pour démanteler les
monopoles. Et 12 ans après rien n’a changé
- Et
encore, des intérêts défendus pour le moins ambigus. Comme en 2009
l’UGTG (qui rassemble essentiellement des fonctionnaires touchant
les 40 % ) fait le pari de laisser pourrir la situation, avec de
nombreuses exigences de pure forme avant, d’accepter de négocier. On
est
à l’évidence bien plus dans le rapport de force que dans la
recherche de solutions. Malheureusement (mais logiquement), en 2009
l’état comptait aussi sur la lassitude des habitants et le
pourrissement de la situation. L’île a été bloquée deux mois,
mais le mouvement de grève en lui-même n’a duré que 44 jours…
pour préserver le trimestre de retraite des fonctionnaires
grévistes.
Mais dans un même temps, dans chaque île, près de 1000 entreprises
ont fait faillite, et 10 000 salariés ont perdu leur emploi.
C’est une constante de ces mouvements sociaux menés par l’UGTG
(mais c’était aussi le cas des gilets jaunes) : les
victimes de ces mouvements sociaux sont toujours les Guadeloupéens,
des salariés Guadeloupéens, des malades Guadeloupéens qui
n’accèdent pas aux soins, des artisans Guadeloupéens… des
Guadeloupéens qui souffrent… personne d’autre ! Qui peut
croire que cette catastrophe économique provoquée délibérément
sert à aider les Guadeloupéens à sortir du marasme ?
Interrogé,
après le LKP, par la télé locale sur le sort des employés des
centres commerciaux restés sans salaire plus de deux mois, Elie
Domota, fonctionnaire protégé de Pôle emploi a répondu en
balayant la question d’un revers de main «qu’on leur trouverait
un emploi… »… en pleine crise !
Cependant
si vous évoquez la responsabilité des Guadeloupéens dans leurs
difficultés ou émettez le moindre doute sur le fait que L’UGTG
représente les Guadeloupéens contre l’« État Colonial »,
vous serez immédiatement classé « kolonialist » et vos
arguments ne seront pas écoutés.
-
Enfin, les méthodes et des résultats restent discutables. Si le LKP
était plutôt soutenu par la population Guadeloupéenne, qui en
attendait une amélioration de ses conditions de vie, le mouvement
d’aujourd’hui peine à
fédérer. Il faut dire que le bilan de ces manifestations
laisse perplexe :
-
Aucune avancée significative sur le long terme… (la vie chère a
disparu ? Les monopoles qui piègent l'économie locale ont-ils
été modifiés depuis 2009 ? pourquoi ?).
-
Effondrement du tissu économique, pourtant seul capable de sortir
l’île du marasme.
-
Chômage et faillites.
-
Renforcement du déséquilibre public/privé (et donc renforcement du
pouvoir de blocage des syndicats bien implantés dans la fonction
publique).
-
Atteintes aux droits de circuler des citoyens. Les pseudo-défenseurs
de leur liberté n’ont aucune considération pour celle des autres…
ici comme ailleurs.
-
Morts médicaux (essentiellement des dialysés qui n’ont pas pu se
rendre au centre, des malades qui n’ont pas reçu les soins à
temps, ou des malades hospitaliers morts parce que l’anesthésiste
ou le chirurgien n’a pas pu se déplacer).
-
Une image durablement ternie pour le tourisme (spécialement cette
année ou les exactions sont bien plus médiatisées qu’en 2009),
mais aussi pour la Guadeloupe et les Guadeloupéens en général (le
pillage de boutiques ciblées et le spectacles de types jouant aux
durs en se cachant derrière des cagoules est souvent jugé
sévèrement par les
observateurs extérieurs).
-
Fermetures des écoles (moins que pour le Covid à ce jour, mais
fallait-il en rajouter?)
Sans
compter les « dommages collatéraux »
-
Vandalisme ciblé (bijouteries, téléphonie, banques…) nocturne.
-
Incendie de maisons et de commerces
-
Présence de manifestants cagoulés et en arme sur les « barrages »
-
Rançonnage des touristes et du personnel soignant.
Toutes
choses qui tiennent de la délinquance et pas du mouvement
social. pour
ces derniers points, les mouvements et les syndicats qui créent
le désordre et les conditions de ces dérapages ne les revendiquent
pas…Mais exigent après coup la libération des délinquants pris en flagrant délit.
(Je
pense personnellement que si le gouvernement a choisi d’envoyer le
GIGN et pas des brigades de CRS comme il est d’usage lors de
simples mouvements sociaux, c’est que ses renseignements
prévoyaient ces débordements, donc ceux-ci étaient planifiés).
Au
delà de l’« obligation vaccinale » qui provoque des
réactions hystériques ici et ailleurs, et sur lesquelles l’UGTG
voudrait s’appuyer pour créer un deuxième LKP, les problèmes
évoqués lors de ces mouvements sociaux sont réels.
Mais
il
est évident que d’autres intérêts utilisent ce malaise, et
entretiennent une confusion dont résulte un curieux mélange de
violence et d’inefficacité
En
accusant systématiquement le « gouvernement colonial »
(il est vrai coupable, au minimum, d’ignorance et de maladresse !)
de tous les maux, ces mouvements violents contribuent fortement à
cacher les causes profondes du malaise antillais, qui, sont le plus
souvent locales et internes.