vendredi 13 décembre 2024

La France devient-elle Fasciste ?

 




Le terme de « majorité relative » largement employé ces jours-ci par le membres du NFP, a ceci d’ambigu qu’il utilise le mot « majorité » pour désigner ce qui est factuellement et mathématiquement une minorité. La moins petite des minorités certes, mais une minorité parmi d’autres, c’est-à-dire une entité qui a une majorité d’électeurs contre elle… ce déguisement sémantique ne peut cacher le fait que dans une démocratie, aucune minorité ne peut imposer ses choix au pays.

En démocratie, quand il n’existe que des minorités, comme c’est le cas en France aujourd’hui, seule une coalition est légitime pour gouverner. Soit une coalition de gouvernement, comme c’est souvent le cas en Allemagne, soit une coalition circonstancielle, comme a tenté de mettre en œuvre sans succès Michel Barnier.

Tous les partis démocratiques l’ont compris, sans enthousiasme certes, et en tirant la couverture à eux, mais ils se plient tant bien que mal à la règle démocratique. Pas le LFI et au-delà le NFP.

Pourtant, c’est bien quand un parti minoritaire exige d’appliquer toutes ses volontés et seulement ses volontés, qu’il y a un déni de démocratie ! Et cette façon qu’a une minorité d’exiger la pleine direction des affaires d’un pays porte un nom : celui du « faisceau » minoritaire dans lequel il prétend concentrer tout les pouvoirs.


La finalité d’une coalition est de rassembler une part suffisante de l’assemblée législative autour d’un programme pour pouvoir l’appliquer et gouverner, pas de distribuer des trophées suivant l’ordre d’arrivée des perdants. Et dans cette optique républicaine, la nomination de Michel Barnier, un homme de droite, dans un pays qui vote majoritairement à droite, peut être considéré par certains comme une déception, une erreur, un fait à combattre, et a posteriori comme un échec… mais pas comme un déni de démocratie.

Contrairement aux affirmations de LFI et de ses vassaux, c’est la nomination d’un gouvernant issu d’une minorité et refusant la prise en compte des opinions qui lui sont opposés, donc de la majorité, qui serait un déni de démocratie.


On peut néanmoins s’étonner que de part et d’autre, le débat porte d’abord sur le nom de la personne à nommer, (ce qui finit par ennuyer les Français), et non pas sur les idées et les options de gouvernance



L’évocation du faisceau concernant LFI peut paraître choquante. Mais si je vous parle d’un pays européen, qui vient de subir deux crises importantes, où la classe politique implantée est largement déconsidérée. Dans ce contexte un homme, un professeur, passé au syndicalisme puis adhérent au parti socialiste, se revendiquant homme du peuple, de gauche, anticlérical, et anticapitaliste, devient un activiste dans une revue d’extrême gauche. Il finit par quitter le parti socialiste pour fonder son propre parti. Il se fait connaître pour ses harangues virulentes, par son autoritarisme qui lui attire parfois des oppositions au sein de son propre parti. Il n’hésite pas à prendre à partie personnellement ses opposants et des journalistes ou même des hommes de la rue qui le contredisent, allant parfois jusqu’à l’insulte. On lui reproche aussi des propos xénophobes, voire antisémites, une trop grande proximité avec certains autocrates et de refuser de prendre en compte les idées des autres. Sa politique consiste à attiser tous les conflits par des discours radicaux pour déstabiliser encore plus le pouvoir en place…

Son parti s’installe dans le paysage politique à l’extrême gauche et monte en puissance mais ça ne suffit pas pour lui donner une base électorale suffisante. Alors il se rabiboche avec les autres forces de gauche dans une coalition supposée majoritaire. Mais que ces arrangements s’avèrent insuffisants et peu crédibles et le discours radical du leader et de son parti fait peur, alors il échoue. Cela vous rappelle quelqu’un ?


Je suis certain que beaucoup de ceux qui viennent de lire le paragraphe précédent ont eu envie de passer au suivant avec un : « On la connaît par cœur l’histoire de Mélenchon ». Et pourtant il s’agissait de l’histoire (incomplète) d’un certain Benito en 1922 en Italie. Le fascisme et bien une notion qui porte le nom d’un parti d’extrême gauche minoritaire qui exigeait les pleins pouvoirs.

Alors, certes, Emmanuel Macron n’est pas le président rêvé de beaucoup de Français et on peut comprendre pourquoi. Michel Barnier n’était peut-être pas l’homme de la situation et il n’est pas certain que François Bayrou le soit. Mais la censure du 4 novembre n’est qu’accessoirement une remise en cause d’un gouvernement provisoire. Dans ce sens on sait qu’elle ne solutionne rien.


Cette censure qui rallie les extrêmes est d’abord une façon de semer le chaos pour créer une situation sans issue et ainsi tenter d’accéder au pouvoir quand on n’a aucune chance de convaincre et de devenir majoritaire.

Une fois en place, il suffit de modifier les institutions de l’intérieur pour rester au pouvoir.

Même le RN, qui avait opté depuis des années pour une stratégie de dédiabolisation, celle du « faire-semblant », s’est rallié à cette stratégie du chaos dans l’espoir d’éviter à sa présidente le sort que lui réservent les juges.


Ça vous paraît excessif ? Exagérément anxiogène ?

Ce scénario n’a rien de la fiction. C’est une leçon d’Histoire.

C’est comme ça que Benito Mussolini et son parti d’extrême-gauche sont arrivés au pouvoir.

C’est comme ça qu’Adolf, le fondateur du parti socialiste allemand a procédé 10 ans plus tard.

C’est comme ça que le Likoud est arrivé au pouvoir et impose sa loi à un premier ministre qui comme marine Le Pen ou Donald Trump, à besoin de ce pouvoir pour ne pas aller en prison.

Bien qu’élu avec une majorité, Victor Orban, pour se maintenir au pouvoir modifie la constitution dès son retour au pouvoir…

Etc…


En France, de nombreux observateurs prédisent une confrontation LePen-Mélenchon en cas de présidentielle anticipée. Où est l’alternative non totalitaire ?

Les LFI ont déjà annoncé qu’en cas d’accès au pouvoir ils modifieraient la constitution.

Le scénario est déjà écrit. L’Histoire se répète, elle fait même du copié-collé.


Mais quand il sera trop tard, beaucoup diront : « on ne pouvait pas savoir, on a cru que... »